Dans le même temps, Arnaud Millan (guitare acoustique, voix, piano) et Alexis Toussaint (batterie, percussions) s’entourent de divers musiciens et créent leur « Big band », géniale formation qui réinterprète les morceaux de la paire dans des versions ahurissantes, semblables à celles jouées dans des cabarets enfumés, empreintes de la folie créatrice de TeTsuo et aussi subtiles qu’enragées.
Le panel est large, bigarré, et on peut, ainsi, passer d’accents slaves à un jazz rock colérique. La batterie s’emballe, le xylophone devient fou, un saxo balourde de superbes complaintes déchirées pour ensuite se faire plus doux, une vielle à roue enjolive le tout de ses interventions forcément singulières, et les voix, partagées, prennent divers atours, dégageant une expressivité renversante. On remarque la présence d’Elyas Khan, de Nervous Cabaret, ou encore de Mathieu et Romain Baudoin de Familha Artus, l’un au violon, l’autre à la vielle, et cet orchestre de folie emballe très vite la Maison de l’étudiant paloise, en cette soirée de novembre 2010 qui consacre le côté définitivement décalé des formations hébergées par le collectif A tant rêver du roi. Les onze titres joués captivent, et engendrent la survenue d’un univers prenant, aussi féérique que complètement hors-pistes et qui, quoi qu’il puisse se produire, retombe immanquablement sur ses pattes. Les tenues et attitudes, le contenu aussi, évoquent Tim Burton, mais un Burton dans son versant le plus loufoque que l’on puisse connaitre, doté d’une vigueur punk qu’orneraient des colorations musicales savamment élaborées. Visuellement, c’est magnifique, soniquement ça l’est tout autant et au final, ATRDR propose une nouvelle oeuvre de taille, après les disques de Kourgane, Shub ou Calva, ou encore Treehorn, à se procurer de toute urgence et à visionner sans relâche. A voir, même, « en vrai » tant les sensations ressenties sont fortes, durables et marquantes.