C’est donc True live qui, le premier, investit les planches et sans plus attendre, démontre une envergure live détonnante, qui transcende les titres de son album Found lost. Grâce entre autres à un chanteur charismatique et des partitions musicales imprenables, agrémentées d’un violon et d’un violoncelle, ou encore d’une contrebasse et d’un clavier, et portées par une batterie tout terrain, les gars de Melbourne ont amorcé avec maestria une soirée de feu.
Man man et sa soul racée, Raise up et son hip-hop velouté, ou encore Something to be, le « tube » repris en choeur par la foule, Somewhere I can go, ou le leste et énervé Damn right trouvent, en live, une seconde vie et une ampleur nouvelle. Chacun joue sa partition avec entrain, avec maitrise, et l’ornement musical, aussi fin que vigoureux, fait la différence, allié au chant de Ryan ‘RHyNO’ Ritchie et à un sens du groove décisif.
Surprise, une danseuse « charmeuse de cerceaux » fera son apparition et transformera ce show déjà accompli en performance de rue, théâtrale et artistique. Et l’assistance, ravie, grimpera d’un cran dans son nombre comme dans l’intérêt porté à l’évènement, dans l’attente des Friendly fires, au nouvel opus, Pala, similaire à celui de True live: bon, certes, mais trouvant avant tout sa pleine mesure sur scène.
Son chanteur, remonté, et son guitariste, tout aussi en vue, donnent le ton et les titres forts pleuvent, leur énergie décuplée par la scène. Live those days tonight et ses synthés en nappes, la voix discoïde de Ed Macfarlane, les rythmes variables mis en place par Jack Savidge, les grattes aiguisées et la gestuelle de Edd Gibson concourent à rendre le groupe visuel et performant. Et que ce soit sur le funky Running away, Pala et sa trame ralentie ou True love, aux basses charnelles, vivifiant, l’entente entre ces musiciens qui se connaissent depuis très jeunes est établie, de même que l’alchimie musicale plutôt originale qui en découle. Pull me back to earth et ses motifs sonores, son allant, enfoncent le clou, et le côté spectaculaire de ses membres, heureux de jouer, convaincus, suscite du côté du public le déchainement physique « causé » par des morceaux intenses.
Second temps fort donc, de cette première Terrasse estivale, le set dans Anglais issus de St Albans prolonge le plaisir et accroît la qualité, décidément conséquente, de la soirée.
C’est alors à Missill que revient l’honneur d’y mettre fin et il faut le dire: l’attente, longuette, est compensée par la mixture musicale, improbable et pourtant efficiente du trio. Et si celle-ci finira par se mordre la queue, par tourner un peu en rond, son disco-rock/electro-hip-hop funky soulève les foules et créera même des mouvements de taille dans le public. Sur le plan visuel, la DJ colorée et son instrument imposant, son énergie constante, la présence de ses deux musiciens aussi attirent le regard, le côté manga, assorti de projections, aussi, et qu’on soit adepte ou non, impossible de ne pas se trémousser au son des compos hybrides de la clique, comme Raw dog, rythmé, ou du hip-hop plus lourd de Starz. Benmore dérouille également les articulations et Missill, expérimenté, varie les tempo, ce qui lui évite une redite trop lourde.
Quoiqu’il en soit, répétition ou pas, tous adhèrent massivement à cette Magic potion (il s’agit là d’un des titres les plus en vue de Missill) et les Terrasses démarrent fort, quand bien même elles marquent pour le coup l’arrêt, jusqu’à septembre, de l’activité musicale du 106. Lequel, après le show puissant de Sepultura, signe à nouveau une initiative louable.
Photos Camille Battez/William Dumont.