L’effet est de taille et Del Cielo aura, auparavant, amorcé son oeuvre de belle manière avec Et quoi encore, sombre et narratif, pour ensuite nous charmer le temps d’un Casoretto au duo chanté magnifique, sur lit de guitares fines et de sonorités gentiment déviantes. Habile dans l’écriture et l’ornement de ses chansons, la paire offre ensuite une embardée electro-pop estimable, portée par une basse charnue, à l’occasion de La densité, porté, aussi, par des voix chuchotées et, comme de coutume, un décor sonore imprenable (La densité).
L’instant suivant, Sur des braises, remuant, aux claviers folichons, porteur de boucles décisives et zébré de guitares incisives, s’impose lui aussi comme une réalisation particulière, prenante, aussi dérangeante, positivement dérangeante, pour les sens, qu’enchanteresse à l’arrivée. Chaque titre aiguise l’attention et l’alliage du rude et du plus ouaté fait merveille, que ce soit sur un tempo leste (Si l’encre), ou sur Ma vipère, dark, presque cold, plus cadencé. L’atmosphère mise en place fait de Sur des braises un album à prendre en compte, et même ses extraits courts et saccadés ([a], aux organes vocaux à la Liars) se mettent en évidence, valorisés par le chant de Liz. Sa verve littéraire embellit l’opus, Veux-tu en constituant l’un des plus beaux exemples, avec sa pop cette fois subtile et légère, presque « normale », mais normale à la Del Cielo, c’est à dire jamais entièrement conventionnelle.
Dans le rayon electro-rock aux six-cordes acérées, obscur et racé, Les rêves à l’envers illumine la fin d’album, puis le plus tranquille Dans les murs, au verbe acide, met fin dans cette même veine libre à un disque parfait, varié au sein d’un genre à l’apport certain, qui distingue fortement Del Cielo et le place d’entrée de jeu en haut du podium « rock », à défaut de réelle possibilité de classification, du pays.