Quinze ans après, le groupe sort son premier live et premier constat; ça envoie, ça revendique toujours autant, mais le discours, usé, ne prend plus. Ni même ce néo/fusion éprouvé, auquel, d’ailleurs, peu de groupe sont su apporter du souffle ou une quelconque innovation depuis. Les djeunzes adoreront, avides de récusation, mais la majeure partie du public est passée à autre chose et se sera lassée de la pauvreté verbale d’un groupe certes reconnu, mais dont le répertoire doit beaucoup à d’autres (Korn, Sepultura et ses parties tribales, Prong), dont il aura juste réussi à réaliser un amalgame correct, mais dont on attendait plus d’initiative personnelle. L’enregistrement, percutant, suscitera tout au plus le souvenir de soirées agitées, et on fredonnera ou beuglera, c’est selon, le refrain d’Aimable à souhait, de Zion ou du bien nommé Furia. Mais en aucun cas il ne suscitera, après tout ce temps, l’irrépressible envie de s’y remettre de façon durable.
Malgré cela, on succombera, même « décroché » du groupe, à son impact sonique et à la force de ses compos, pour ensuite revenir, très vite, à des choses plus singulières, plus recherchées et sonnant de façon moins datée. On laissera cet échange vindicatif à une certaine frange du public, qui se satisfera, elle, de textes tels que « la vie n’est pas un combat mais une passion à défendre » et d’une cascade de propos, sur disque ou sur scène, incitant à l’éclate un peu stérile, virulente sur le plan verbal mais peu probante dans les faits.
Quoiqu’il en soit, la musique de cette formation demeure un bel exutoire et ses prestations, le visionnage du dvd le démontrera, des évènements qui même chez le « vétéran » revenu de cette fusion abimée par la redite, éveilleront l’envie de bouger, de se trémousser furieusement au son de titres auxquels il lui est pourtant difficile de croire et d’adhérer, en même temps que ceux « qui y croient » prendront leur pied de façon totale, dans un déchainement dont tous n’ont malheureusement pas saisi le sens premier. C’est l’un des atouts de Mass Hysteria: continuer, par sa vigueur et ses guitares rugissantes, ses rythmes assénés et des claviers aux boucles pas mal senties, à mettre en branle et à fédérer. Si l’on excepte cela, inutile donc de s’attarder plus en avant sur l’opus, dont on n’ose pas même espérer qu’il précède pour les protégés d’At (h)ome, à l’avenir une orientation nouvelle.
Difficilement dispensable pour le fan, donc, et provisoirement bon pour l’ex « amateur ». Et, dans le même temps, dénué d’intérêt pour ceux qui, fatigués par ces années répétitives et manquant de réel sel, ont, on les en approuvera, jeté leur dévolu sur des genres plus novateurs.