Ce Yer fire met en effet en lumière un panel jamais pris en défaut, qu’il soit electro-rock, jouissif et percutant (Unkowhatiwant), ou plus funky (l’obsédant WJ:WD en ouverture), et Benjamin Gonner s’appuie sur quatre « complices », dont une voix féminine appréciable, pour tisser des toiles electro-pop sans fissures.
Dansant et irrésistiblement entrainant, son album doit être classé dans les incontournables Platinum et, par là-même, les « inratables » nationaux. On se trémousse au son de Panoramic targets, que des gimmicks sonores introduisent parfaitement, puis de Perfect score, plus climatique, plus strictement electro, cet artiste passé par Oslo Telescopic et Lozninger ayant le don d’élaborer des morceaux de taille selon un éventail large et en faisant preuve d’une liberté de ton affirmée.
On passe ainsi de Let’s talk about friends, sombre et jazzy, court, à Gotta trick me, énième plage tubesque de Yer fire, où voix féminine sensuelle et chant masculin plus grave se complètent sur fond d’electro-pop, avant que les guitares massives de Radio killer ne créditent à leur tour l’artiste et sa constante inspiration. Rien ici n’est négligeable, et on aimera tout autant les penchants dark et expérimentaux de Toronto for better or worse, percutant, déjanté et incoercible, ou Entre poésie et effroi. Sur ce dernier, on pense à Experience ou Programme et Elektrisk Gonner se hisse dans ce registre au même niveau que les projets de Michel Cloup et Arnaud Michniak. C’est dire le niveau d’ensemble, qui après un bref intermède intitulé I’m your fire embraye sur une autre pépite electro groovy (Machine gun), portée par des basses énormes et des claviers virevoltants.
Inutile de chercher la moindre faiblesse: les riffs détournés de Tokyo’s burning, son chant enjôleur et sa cadence appuyée font mouche à leur tour, de même que Adam roadtrip, d’esprit lui aussi rock, un tantinet plus haché mais aussi décisif, que des sons acides viennent « décorer ». C’est cette fois l’organe masculin qui se distingue dans un premier temps, avant d’être rejoint par son semblable « fille ». Entre pop, rock et electro, les trois habilement cimentés, ce morceau met fin à un album de haute volée, qui valide la fiabilité de Platinum et sa dizaine de groupes aussi valeureux les uns que les autres, et dans le cas présent, d’un Elektrisk Gonner au meilleur de sa forme.