Ce Strange moosic semble dévoiler des éléments plus agités, et parcourt un panel étiré pour le plus grand plaisir de nos écoutilles, charmées d’entrée de jeu par Tell me something I don’t know, dont la folk remuante, aux airs avenants, mélodiquement imprenable, tape dans le mille. Relayée par Ah hears strange moosic, dont les guitares subtiles font merveille, de même que ses choeurs, puis Be a doll and take my heart, rythmée et vivifiante de par sa pop-rock entrainante et enivrante, elle forme avec ces deux plages un trio d’ouverture de haute volée, qui donne la tonalité générale, tant dans le style que dans la qualité, de l’opus en entier.
Celui-ci mériterait qu’on s’attarde à chacun de ses titres, en partant d’un Where is the man à l’ornement bien dosé, « cool » mais mené par une batterie affirmée que suivront des grattes mordantes pour aboutir à Magician, clair et fin, stylé et magnifiquement interprété, qui interrompt presque soudainement sa cadence guillerette pour se faire plus plombé.
Herman Dune fait feu de tout bois, dont celui de ses guitares, et livre au passage de nombreuses autres pépites. Lay your head on my chest, taillé dans la pop-folk la plus racée et chatoyante qui soit, ou encore le fonceur Monument park, dont le folk-rock mélodieux emporte les suffrages, s’inscrivent dans cette catégorie, et sont eux-mêmes suivis par l’étoffe délicate de In the long long run, vive et ténue.
L’instant d’après, Your love is gold fait dans le rock’n’roll délicieusement rétro, aussi racé que bourru, et étend la palette des deux compagnons de route de longue date, puis The rock, pop au refrain qu’on se met en tête sans tarder, prolonge le charme avec ce même côté immédiat, cette même superbe dans le ton. Magistral, Strange moosic nous fait ensuite le don d’un bien nommé Just like summer saccadé, qui comme ses « pairs » ne fait le choix, entre pop, folk et rock, d’aucun genre véritablement défini et emmène l’auditeur dans une fin noisy approuvée.
My joy, lent et émotionnel, aux effluves bluesy elles aussi belles à se damner, se présentant avant le Magician décrit pus haut, je conclurai en affirmant qu’avec un tel album, Herman Dune frappe très fort et impose sa patte, sa classe, dont il éclabousse une concurrence sérieusement ébranlée par la valeur et l’étendue stylistique de ce ces douze titres flamboyants.