C’est donc Sébastien Duhamel et Eve Ruysschaert qui ouvrent le bal, et sans tarder, leur formule minimale tape dans le mille, aidée en cela par une pléthore de supers morceaux, qu’ils soient retenus (Bullshit) ou, comme c’est souvent le cas et on s’en réjouit, plus cadencés (Killin’ the past, énorme). Voix à la fois sensuelle et encanaillée, boite à rythmes primaire et diablement efficace, riffs de feu, jeu de guitare épileptique et complicité dans les attitudes font de cette paire un groupe à prendre en considération, qui nous gratifie de plus d’une reprise choc du 100% de Sonic Youth, comme pour affirmer une influence de choix. Impossible donc de ne pas adhérer, de ne pas se trémousser sur le beat et les riffs secs de Ta chatte peut faire le chien ou de l’imparable Velvet feline et ses sonorités ingénieuses en intro.
Suferrosa
Surferrosa évoque de grands noms, de Sonic Youth donc aux Kills pour le côté dépouillé et rugueux, lascif aussi, pour aboutir à la cold-wave pour le penchant dark et souterrain de son répertoire. Ces sources d’inspiration sont visiblement digérées, et cette alliance cohérente s’annonce comme un espoir déjà en bonne voie, qui mérite, de toute évidence, qu’on se penche sur son cas et qu’on fasse l’effort de le voir dans les conditions du live, où il s’exprime pleinement et investit les planches avec brio.
Une prestation remarquable donc, avant le plat de résistance attendu que sont les Viva and the Diva. Ce sont bien des vivas que le quatuor, animé par une Sir Alice en ébullition, remontée et spectaculaire, va déclencher à l’aide d’une collection de plages éclectiques, jamais par trop « normées », dont le point d’orgue est bien évidemment l’inattaquable Maria Magdalena, joué avec force, massif, groovy aussi. Les titres du EP sont bien entendu jouissifs, et le groupe de Maxime Delpierre nous fait la surprise de nouveaux morceaux considérables, à la croisée des genres, génialement hybrides, dont une compo chantée en allemand, aux airs jazzy enfumés et sérieusement déviants, qui s’embarque dans des embardées bruitistes, affiche une qualité exceptionnelle et m’évoque, le rapprochement est bien sur à porter au crédit de Viva and the Diva, les titres les plus enflammés du Play Kurt Weill des Young Gods.
Voilà une formation douée, qui a su, sans plus attendre, trouver son style, définir un univers personnel et brasser les styles avec pertinence, en retombant toujours sur ses pattes, le vécu et l’ingéniosité de ses membres y étant pour beaucoup, le feeling ressenti ensemble également.
Across the universe, au charme pop déviant, The story et ses accents new-wave (V.A.T.D. parcourt ainsi plus de trois décennies de rock sombre et hors-normes avec l’assurance et la dextérité des plus grands), ou encore l’explosif Pump up font mouche, frappent fort et juste, le caractériel Substitute, félin, d’abord dans la retenue, mais intense, puis plus massif en sa fin, mettant fin à un set de haute volée. Court, certes, d’autant plus qu’on aurait aimé le voir se prolonger, mais magistral, et qui annonce un avenir radieux, un album à venir époustouflant, tout en incitant de façon irrémédiable à revenir profiter de la prestance scénique du groupe.
Une soirée de taille, donc, dans un endroit racé, pour un prix dérisoire et pour un rendu sans failles aucune.
Photos William Dumont/Poplephi