En ce jeudi 12 mai, l’événement rock régional se tenait sans contestation possible à Creil, où la G.A.M. (Grange à Musique) est parvenue à attirer la légende Buzzcocks, vétérans d’un punk-rock incontournable et intelligemment construit, porteur aussi de belles mélodies pop.
Les beauvaisiens de Peter Night Soul Deliverance étant chargés de les précéder, il va sans dire que le programme imposé était de taille, cette première partie méritant l’écoute malgré l’impatience et l’émotion dues à la venue de Pete Shelley et sa clique.
Pierre Chevallier, ex-King Size, son bassiste et son batteur ont d’ailleurs démontré des capacités intactes, ce qui n’étonne guère au vu du parcours du bonhomme mais réjouit en tout cas l’auditeur. Leur rock souvent « à l’australienne », aux influences Plimsouls, mélodique mais de caractère, constituant un solide registre, issu de ses sorties discographiques, au nombre de deux si je ne m’abuse, et étoffé par des nouveaux morceaux dans le même esprit. Délibérément rock dans le jeu et l’attitude, le leader de P.N.S.D. gère son affaire, bien épaulé par un duo efficace; il est dommage que ses apparitions soient éparses, ses productions aussi et s’il n’invente rien, le groupe évolue au moins dans un créneau peu usité et y fait preuve de savoir-faire.
Il importait donc de répondre présent, avec la certitude de vivre une bonne entame de concert, avant que les mythiques mancuniens n’investissent la scène pour plus de vingt titres tous tubesques et joués avec énergie, nous ramenant ou presque à leurs grandes heures « du début ». Certes, Shelley a pris du poids, le groupe n’est plus tout jeune mais l’énergie demeure et Steve Diggle s’amuse comme un jeunot, plein de vigueur et de panache à la guitare, animant un show déjà intense. La paire Farrant–Remington assure elle aussi sa partition avec brio et enthousiasme au niveau rythmique, le bassiste communiquant avec le public par mimiques et expressions et prenant des poses fougeuses, tandis que le batteur, survolté, malmène ses futs avec force et précision. Quant à Shelley, il renoue pratiquement avec le timbre nasillard des origines, une belle cohérence émanant de ce groupe encore largement performant.
Bien entendu, les titres-phare pleuvent -il n’y a d’ailleurs que ça-, et de Fast cars à Orgasm addict (un rappel de folie avec ce titre) en passant par I don’t mind, Harmony in my head, What do I get, Oh shit! ou Autonomy ou encore I don’t know what to do with my life, No reply et bien d’autres, on n’ose à peine y croire mais on est bien là, devant un mythe toujours au top, qualifié de « punk », certes, mais dont la diversité insufflée à son répertoire rend la prouesse plus significative encore. Le public, déchainé, entame un pogo qui durera jusqu’à la fin et que ce soit les « jeunots » ou le parterre fourni de fans se situant autour de la quarantaine, chacun prend un pied énorme à l’écoute de ces morceaux phénoménaux, enchainés sans temps morts. Le son est puissant mais audible, la symbiose et la magie intactes, et on aurait évidemment vu d’un bon oeil une petite « rallonge »à ce concert dont le souvenir me restera en tête pour une durée encore indéterminée et qui, je l’avoue, me rend fier, fier d’avoir été là, face à des Buzzcocks impressionnants et d’avoir pris ma part de bonheur, ineffaçable, en cette occasion.
Un événement majeur donc, ni plus ni moins, en souhaitant le même vécu au public, véritablement privilégié, des trois villes hexagonales que les Buzzcocks visiteront d’ici fin mai.
Photos William Dumont.