Twin Twisters
Twin Twisters
L’ouverture était donc à ne pas rater, surtout pour les néophytes, et Nôze, dans un style différent, a lui aussi convaincu l’assistance, fort de nombreux titres entre groove electro (When tiger smoked) et distinction jazzy, parfois un peu longuets mais globalement « emballants », parsemés d’accents bluesy, rock ou reggae-ska (You have to dance), ce dernier genre se voyant sauvé de l’ennui par une musicalité de tous les instants. Nôze développe un genre personnel, peut-être pas révolutionnaire -d’autres l’ont fait, et bien fait, avant-, mais bien exécuté, avec classe et vigueur. On pense à Push Up, autre formation « fusionnante » racée et inspirée, et la troupe offre aux boulonnais, enthousiastes à souhait pour le coup, le second temps fort de cette Nuit Zébrée dont on se rend dès lors compte qu’elle constitue une bien belle initiative.
Nôze
Nôze
Arrive alors l’artiste le plus attendu de la soirée, un Philippe Katerine très en verve, communicatif, d’un humour inégalable, qui s’appuie de plus sur un registre certes particulier, basé sur une ironie récurrente et adroitement formulée mais qui, très vite, met dans sa poche un public conquis. Ici aussi, la palette musicale est large, allant de la chanson, jamais mièvre ni ennuyeuse, au rock sauvage (un Louxor terminal de folie, toutes guitares dehors) en passant par des élans funky impulsés par le guitariste, Philippe Eveno. Katerine joue, communique, s’amuse avec l’assistance et qu’on soit ou pas adepte du bonhomme, force est de constater qu’on ne peut guère résister à son attrait scénique. Les titres du dernier album défilent, repris en choeur par la foule et mêlés à d’autres issus de Robots après tout ou Les créatures, la formule sans fioritures de son groupe (chant-guitare-basse-batterie, point à la ligne) aidant à faire passer cet éventail musical imprenable. Une vingtaine de morceaux seront joués et le spectacle, aussi sonore que visuel et tenant autant du domaine musical que du théâtre, réjouissant au possible. Certaines personnalités en prennent pour leur grade, le pays aussi, et ce de manière tellement…fine et manifeste à la fois que tout passe sans la moindre difficulté. Un talent de taille donc, et de toute évidence le temps fort de la soirée, avant Cheveu, qui dut de ce fait jouer dans une salle moins garnie.
Katerine
Katerine
Faisant fi de cela, le trio issu de chez Born Bad, ennuyé par quelques problèmes techniques et de mis en place, trouve vite la mesure et, fort des morceaux de son premier album et surtout de l’impeccable 1000, balance sa trans-electro-noise de toute première qualité, chaotique et sans égal sur le territoire, pour lui aussi mettre en mouvement, et en joie, la centaine de personnes encore présentes. Le côté déstructuré de leur prestations devient, plus qu’une entrave, un atout de séduction, et la valeur de Quattro stagioni, Charlie Sheen ou Sensual drug abuse, pour ne citer qu’eux, et de l’album en entier, plus probant encore sur scène, incluant entre autres la fameuse reprise d’Ice ice baby, transfigurée, permet à Cheveu de terminer sur une note à la fois endiablée et décalée dans le genre. On espère qu’en cette occasion, Etienne, David et Olivier auront pu rallier le plus grand nombre à leur univers singulier, précieux et irrévérencieux, le déchainement d’une grosse partie des gens en présence attestant en tout cas de l’intérêt né de leur show.
Katerine
Cheveu
Pour conclure, on peut dire qu’entre diversité et initiative, audace dans la programmation, l’équipe de Radio Nova a réussi son coup, les groupes sollicités pour l’occasion se donnant sans compter et satisfaisant la majeure partie du public nordiste. L’expérience est donc à renouveler, avec des groupes de même qualité et dans la même variété musicale.
Cheveu
Cheveu
Photos William Dumont.