Accrocheur à l’extrême et dès l’intro menée par la basse de Itchy cheeks, évocateur de bon nombre de groupes estampillés 90’s, Sebadoh en tête pour ce dosage, toujours ajusté, entre douceur et rock débridé, Hum est sans nul doute l’un des meilleurs albums de l’année dans ce registre, doté de plus d’un groove qui en accentue l’intérêt.
Miguel Constantino (Clara Clara, Papier Tigre, et Marvin, jugez donc des compétences du bonhomme!) est de plus chargé du mixage et de l’enregistrement, le son s’avèrant impeccable, très live et spontané et les volutes de Moog de In a avalanche confirment la valeur du disque, que le In my rags cité plus haut prolonge sous les meilleurs auspices. Les chants entrecroisés font merveille, celui qui domine, légèrement nasillard, s’avérant captivant, et les guitares nerveuses entendues ça et là épicent le tout avec une belle efficacité.
On pense aussi à Pavement sur Ecstatic peace, faussement tranquille, d’esprit lo-fi, orné de motifs sonores chatoyants et offrant ensuite un dérapage noisy génial, avant que Road sign, d’abord plombé puis plus subtil (le tout s’enchainant avec le plus grand naturel) mais toujours sous-tendu par des bourrasques rock bien amenées, n’enfonce le clou de ces penchants 90’s merveilleux.
La réussite est ici totale et dans un registre plus mélancolique, l’amorce de Your eyelids are waterproof ravira l’auditeur avant de lui imposer une pop-folk vivace de toute beauté, avant l’intermède nommé Polyclinique du Parc, trop court pour être pris en compte mais qui débouche sur Lucy was a bitch, fin et alerte, que des six-cordes malmènent régulièrement, sans s’épancher, aidées en cela par ces chants magnifiques et un orgue aux nappes enivrantes. La basse de Claire et la batterie de Vincent Perrot ponctuant le tout avec ce groove décisif, on tient là un album de haute volée, de caractère, pensé avec ingéniosité, dont les élans noisy, celui dudit titre en tête, mettent en joie sans coup férir.
Les deux guitaristes/vocalistes Thomas Sonnet et David Durand (celui-ci se chargeant aussi des parties d’orgue), instigateurs du projet Cornflakes Heroes, ont de toute évidence trouvé leur identité et le côté Violent Femmes de Whisky town, à la fin colérique amenée par des grattes puissantes, diversifie le champ d’action du groupe en même temps qu’il assied de façon définitive l’incroyable qualité du rendu.
En fin de parcours, When the devil calls me home et sa quiétude à laquelle succèdent ces six-cordes enragées, puis des plages fines, folk, que relancent une batterie martelée et des chants sombres, puis le duo guitare acoustique/glockenspiel de Not that OK, chorale folk avenante et dérangée, apportent leur contribution, tout aussi importante, à Hum. Faisant de ce dernier un album de tout premier ordre, oeuvre d’un groupe bien trop peu connu, dont on espère qu’avec un tel opus, il trouvera la voie d’une reconnaissance bien plus large.