Le choix n’est bien sur pas du au hasard et Thot pratique ce qu’il appelle une « heavy vegetal noise », trop influencée mais tout de même, en certaines occasions, bien conçue (les touches acoustiques de Take a bow and run, par exemple, lequel se termine dans un orage rythmique et électrique de belle facture), qui mêle claviers et « vrais » instruments et impose sur ce disque deux interludes dispensables, mais destinés à maintenir le fil d’une « vegetal noise music story » narrée par le l’opus en présence.
Les bonnes idées y côtoient le prévisible et Moved hills illustre bien ce constat, avec ses embardées dépaysantes balafrées par des guitares heavy…qu’on sentait forcément arriver. L’ensemble est honnête, mais d’un apport limité quant au genre concerné. L’énergie est dominante, les ambiances plantées correctes (Spellbound films et son amorce orientalisante), les morceaux jamais bêtement frontaux, mais Obscured by the wind manque d’originalité. Il fait illusion le temps d’un titre nuancé, à la fin chaotique (Blue and green « are melting down in a seed »), mais on n’arrive pas à se départir d’une impression de déjà entendu, qui ne dérangera guère les aficionados du style mais laissera sur leur faim ceux d’une musique plus audacieuse, lésés malgré les quelques associations entrevues sur Ortie, par exemple. Grégoire Fray et ses collègues gagneraient peut-être à maintenir ce côté nuancé, à creuser les quelques pistes inédites qui jalonnent leur effort pour, à l’arrivée, proposer un produit individuel, détaché de ses influences.
A l’écoute de Solid insecure flower, on sent qu’il en a les possibilités, mais le canevas lié à ses réalisations demeure prévisible, le long format de certains titres, dont The hour speller qui suit, rendant la chose « handicapante ». Ce morceau est pourtant l’un des plus intéressants qui soient, par la mesure qu’il conserve et sa construction très Young Gods.
C’est aussi le cas de Obscured by the wind, ultime essai plus posé, à la voix féminine samplée, à l’acoustique ici encore appréciable, qui laisse, combiné à son prédécesseur, une piste intéressante pour les productions à venir et qui, bien exploitées, distingueraient Thot de l’ensemble des groupes indus, dont bien peu, par ailleurs, mènent cette démarche à bien.
Un album mi-figue-mi-raison donc, qui vaut surtout par ses quelques initiatives louables mais pourrait engendrer à l’avenir un ouvrage plus personnel.