Ici, le changement est assez perceptible, le groupe semblant dans un premier temps perdre de sa fraicheur et de sa spontanéité noisy-pop, et l’écoute, surprise s’agissant d’un créneau somme toute simple à appréhender, demande un bref effort d’acclimatation. Passé celui-ci et les intonations Corganiennes du sucré Belong, magnifique bien que retenu, en ouverture, Heavens gonna happen now renoue avec cette pop vive, aigre-douce, parsemée de boursouflures noisy qui font une bonne partie de l’intérêt de ce nouvel étendard du genre, directement -et bien- inspiré des productions Sarah Records, ce dont on est loin de se plaindre. Puis Heart in your heartbeat et son refrain inoubliable valident le bien-fondé de cet opus plus nuancé, plus divers aussi, qui garde sa dominante noisy en la déclinant selon un éventail plus large.
Ce faisant, Kip Berman et ses ami(e)s de toujours font mouche et même le plus sympathique The body fait son effet en alliant synthés et guitares sur un tempo soutenu, l’étincelante pop caractéristique du groupe faisant le reste en instaurant des mélodies fatales.
Le spectre musical du groupe prend de l’envergure sur le posé Anne with an E, également évocateur des Pumpkins dans leur côté le plus mélancolique, en mid-tempo délicat, et l’instant d’après, une nouvelle bombinette noisy, Even in dreams, nous est livrée, dans un crachin noisy duquel émerge une voix sensitive, sincère. On n’est plus, ici, dans le versant immédiatement « pétaradant » du premier disque, mais l’effet est tout aussi probant, le résultat tout aussi addictif. My terrible friend et sa jouissive urgence confirment l’observation en renouant avec ce côté immédiat si apprécié, ce qui a pour effet d’en valider la pertinence et celle des quelques nouvelles options liées à Belong, que Girls of 1000 dreams gratifie d’une superbe embardée noisy, plus colérique celle-ci, comme pour donner du poids à cet équilibre bien trouvé entre parties « sucrées » et plages aux guitares surexcitées.
En fin d’album, le songeur Too tough, poppy mais porteur de guitares faussement tranquilles, puis un Strange plus cadencé mais porteur de ces mêmes voix rêveuses, entre noisy et dream-pop, confirment brillamment la teneur imprenable de Belong, nouvel effort irréprochable, aux conjugaisons noisy globalement moins nerveuses mais finalement plus abouties.