Cette singularité, Mashrooms, quintet italien, la possède et l’investit bien sur cet album éponyme. Il faut dire que le groupe est en activité depuis 1999 et cela se ressent nettement dans le contenu, superbe, entre classe « violoneuse » posée puis plus rythmée (Tiranno et son monologue superbe en Français) et pièces à la fougue plus évidente (Damn right), après une ouverture chaotique du plus bel effet, sur fond de voix samplée, sur laquelle cet instrument décidément décisif, aux capacités insoupçonnées, fait feu de tout bois (Uragano).
Il résulte de cela un rock aussi avenant qu’impétueux, saccadé et cadencé par les « descentes » de violon (Freedom flotilla), la diversité des voix, réellement chantées ou enregistrées (on trouve même à nouveau du Français, dans l’esprit des poitevins de Microfilm, sur Portrait of a woman et sa trame en deux parties, l’une assez calme, l’autre, dans la continuité, plus remuante mais retenue) amenant un plus à ce disque déjà grandement appréciable. Côté « fiévreux », Playground et ses airs de Fugazi tape lui aussi dans le mille, avant d’imposer une jolie accalmie, derrière laquelle on sent poindre l’orage (superbe basse menant la danse de pair avec l’instrument à cordes).
L’alchimie est parfaitement au point et on court le risque de s’enticher très vite de l’univers de Mashrooms, d’autant que Cello #2 met ensuite en exergue l’instrument dominant, magnifique de quiétude, et qui se fait tranchant sur Black widow, taillé dans un rock bien orné mais colérique, porté par une voix (« vraie » ou samplée, dur à dire…) vindicative, avant que le climat ne se pose de nouveau, valorisé cette fois par un chant réel.
En fin de parcours, Szela impose un instru sans grande surprise, tout au moins par rapport aux canevas habituels du groupe, puis le génial Damn right cité plus haut met fin avec brio et énergie à un très bon album, fruit de l’inventivité d’un groupe unique, comme beaucoup de « bands » italiens, dont on revisitera vite la discographie suite à l’écoute de l’opus en présence.