D’efforts rêveurs (Call confessions et Oh pioneers en intro, entre quiétude et énervement bridé) en tempo légèrement plus vif (All new lows), nerveux sans se défaire d’une certaine joliesse instrumentale, le début de l’opus donne le ton et distingue Kuhn, Conwell et Andrew, bien positionnés à la croisée du rock de caractère et de la pop aérienne.
D for dogs confirme cet équilibre tout en privilégiant la seconde option, et la rêverie parfois secouée qui émane des morceaux parfait le tout,en se posant comme marque distinctive du groupe. Ce dernier se démarque ainsi des groupes dits conventionnels et parvient à imposer un style déjà mis en oeuvre ailleurs, certes, mais néanmoins personnel et doté d’assez de classe, d’attrait musical et de vigueur retenue pour séduire.
Sur la seconde partie, Destroy a village et sa sombre acoustique, mariée à une voix sensible et un rythme qui s’affirme en même temps que l’arrière-plan sonore, accroît le nombre des bonnes surprises en même temps qu’il instaure ce juste dosage entre élans célestes et nervosité dans le jeu, puis Freight trains riders of America, posé, s’appuie lui sur un clair-obscur plaisant malgré l’absence de chant, qu’on pourrait néanmoins considérer comme le seul « raté » du disque.
Sharks teeth under glass et son amorce bourrue, suivi d’effets encanaillés portés par la voix de Steve Kuhn, aux rythmes hâchés et assénés, rattrape vite cette déception, élargissant par la même occasion le spectre musical de The Tall Ships. On pense à Scott Mc Cloud et Girls Against Boys pour le chant éraillé, mais le rendu reste l’apanage du groupe et laisse augurer d’un dernier titre, Newborn window, de taille.
C’est le cas et ce titre leste et doté de bourrasques modérées entérine définitivement les qualités et de la formation « ricaine », et de son rock aussi atmosphérique qu’imprévisible et caractériel. Les deux faisant sur cette nouvelle galette bon ménage et enfantant un produit estimable, complet et sans faux pas notable.