Je ne connaissais pas du tout les Écossais de Hidden Orchestra qui jouaient en première partie. C’est un quatuor, avec deux batteurs, une jeune fille au violon et claviers, et celui qui prend la parole (le leader ?) à la basse et aux boucles. Pleine de bonnes intentions, avec des idées intéressantes, la musique du groupe souffre d’un premier défaut fâcheux : un son assez raté, mal équilibré, qui voit la basse manger tout l’espace sonore avec un volume tonitruant. C’est d’autant plus dommage pour le jeu des batteurs, ne tirant pas dans la catégorie gros frappeurs, mais justement s’échangeant les phases en toucher. Les arrangements et boucles avaient aussi de la tenue, et se mariaient bien avec les (trop rares hélas) passages d’improvisation et dialogue des batteries. Mais globalement, les passages entre free-jazz et électro étaient un peu trop rares pour que le concert ne donne pas une impression d’uniformité un peu frustrante.
L’attente entre les deux groupes permet à la salle de terminer de se remplir, rendant l’atmosphère saturée à souhait et le public complètement en transe quand résonne le « Prologue » qui ouvre justement le dernier disque. La formation live est donc celle-ci : un multi-instrumentiste (très doué, passant du saxophone à la flûte traversière en passant par la clarinette), un batteur, un guitariste, un claviériste et donc Simon Green, à la basse ou aux séquences. Les séquences instrumentales bénéficient pleinement de ce traitement live : un peu moins « cliniques » que sur disque, mais avec du coup un petit cachet authentique plus affirmé, le concert part sur de bonnes bases. J’ai en revanche un peu déchanté quand est arrivée la chanteuse, dont c’était apparemment la première avec le groupe. Non qu’elle ait démérité, mais déjà que je trouve que le chant est facultatif dans ce genre musical, si la voix est un peu terne comme celle de la jeune femme… Bref, je trouve que ça n’apporte pas grand chose, ni caractère suave, ni groove particulier, car ça, ce sont les musiciens qui s’en chargent, et plutôt bien. C’est carré, propre, groovy avec cet aspect très calibré et soft. Tant et si bien qu’au bout d’un moment, j’ai trouvé ces bien jolis morceaux un peu uniformes, manquant un peu de mordant, d’agressivité ou de variations. Le public a bien réagi en tout cas, n’hésitant pas à danser sur ces rythmes gentiment chaloupés, et Bonobo a su faire durer le plaisir. Lorsque le concert se termine, au bout de presque une heure et demie, les gens en redemandent encore. Moi, je reste un peu sur ma faim, tiraillé par un sentiment de trop « propre », à flirter avec la tiédeur…