Après la pseudo-surprise Joy, Dez Mona et son jazz classieux se posait en seconde découverte issue de chez nos voisins Belges, et a tenu ses promesses malgré des débuts feutrés dont le prolongement aurait pu générer un certain ennui.
Heureusement, le quintet a su s’enhardir, élargir son spectre musical, ou tout au moins donner à son jazz des atours divers, entre Distinguished way et son juste dosage entre joliesse et énergie, Carry on et sa trame posée (superbe contrebasse) et un morceau rock dans l’esprit, puissant et cadencé, sur lequel des boucles d’accordéon obsédantes se distinguent tout particulièrement. Et sa montée en puissance, ce soir, lui aura permis de signer une prestation de haut niveau, assortie d’une reprise de Nina Simone et déclenchant l’enthousiasme, audible, du public de la Lune.
Le charisme de Gregory Frateur, chanteur à la voix d’exception, et la dextérité des musiciens (des parties de contrebasse, et d’accordéon, particulièrement intéressantes) débouchent sur des chansons aux climats divers, musicales en diable mais jamais trop communes.
Au contraire, l’esprit aventureux du groupe le rend plus convaincant encore, et les chemins de traverse pris par ses créations font « bien passer » les morceaux les plus calmes. Sans guitare (clavier-batterie-chant-contrebasse-accordéon), Dez Mona produit une musique de nature à éveiller l’intérêt des autres castes musicales, évoquant même par moments l’excentrisme génial de Soul Coughing.
Un concert convaincant donc, y compris pour qui ne se réclame pas de ce courant, à classer parmi les trouvailles, nombreuses, de cette édition 2011 du Temps du Jazz.
Photos William Dumont.