Armé de sa ou plutôt ses guitares, et d’un sampler superbement utilisé, l’ancien leader du groupe rock strabourgeois a oscillé entre blues fins, émotionnels, clins d’oeil à Kat Onoma (un merveilleux La chambre) et blues-rock bourrus lors desquels il s’est embarqué dans des dérapages guitaristiques proprement hallucinants, prenant les mêmes poses rock que du temps où il officiait avec sa « clique » alsacienne lettrée.
Des touches electro discrètes, alliées à ses rocks à la guitare puissante et volubile (Billy the kid, autre merveille endiablée aux vois entregistrées s’adjoignant à la sienne) donnent du groove à des titres déjà hautement qualitatifs et passé le temps de concert assis, notre homme s’est levé pour donner de l’épaisseur à son jeu, plus puissant, plus expérimental aussi et ce sans jamais s’égarer.
Un Cheval mouvement lui aussi magique, à ranger dans ce rayon « aventureux » mais parfaitement abouti et mêlant Anglais et Français dans le chant, a entre autres enchanté le public, le sieur Burger usant d’un ton subtil ou plus « sévère » dès lors que son jeu se fait plus tranchant. Ses aptitudes, encore entières, et ses attitudes foncièrement rock, de même que son sens de l’échange, associées à une ironie bienvenue sur un titre soi-disant « repris » par Dylan, ont donc fait de ce show d’ouverture le premier temps fort de l’évènement, et comblé les personnes présentes, béâtes de bonheur et d’admiration face à l’éventail musical large présenté.
Tout juste manquait-il à ce concert la reprise d’un The gun, hymne signé Kat Onoma. Mais c’est faire la fine bouche et Rodolphe Burger, magistral, n’a visiblement rien perdu. Bien au contraire, il semble même, à l’image de l’alcool « de caractère » lui servant ce soir là d’apéritif, se bonifier avec le temps et peut, à la fin de ce grand moment, quitter la salle de façon chaleureuse et reconnaissante, sous les vivas d’une foule qui le rappellera pour un dernier morceau imparable, hommage à une amie habitant Tokyo.
Photos William Dumont.