Prestation exceptionnelle du duo Weird Souls, au voodoo blues nerveux et rythmé, joué pour partie avec des instruments créés par la paire elle-même. Une magique vingtaine de compos, dont deux reprises: Folsom’s prison de Johnny Cash, joué avec une vigueur étonnante, et une seconde de Muddy Waters.
Un univers hanté, déviant, fait d’histoires aux terminaisons négatives, boosté par la guitare racée, acide et pleine de feeling (la « resonator guitar »), de Mr Weird, et les percus de Mrs Weird, assorties d’un chant marquant, chaud et puissant, encanaillé, du plus bel effet. Le tout se jouant à l’aide de cuillères, de balais ou encore de dés à coudre, sur un « kit » fait maison.
On pense bien sur aux influences premières de Weird Souls (Lightnin’ Hopkins, Robert Jonhson…), mais le tempo soutenu et dénudé de leurs réalisations les rapproche également des White Stripes les plus crus qui soient. Le tout dans un esprit rock’n’roll de tous les instants.
Pour « situer », petit extrait de leur Myspace, édifiant:
Âmes étranges. Derrière les portes des granges. Aux creux des aiguillages, coude à coude avec la rouille. Âmes étranges par le soupirail. Âmes étranges dans les marées de fer. Précèdent les trains la nuit. Suivent le bitume quand les eaux se retirent. Âmes étranges aux sommets de promontoires. Âmes étranges avec le charbon. Sillonnent les racines. Parcourent les veines du cuivre. Âmes étranges où les routes se croisent. Âmes étranges en équilibre sur un rail. Âmes étranges enfouies sous la ronce. Âmes étranges avec la friche et la cendre. Âmes étranges avec une seule chaussure.
Photos Roland Dumont.