Reveille s’inscrit donc dans cette catégorie, et François Virot, inlassable activiste du label, forme un duo, en marge de ses albums solo et de Clara Clara, avec la batteuse-chanteuse Lisa Duroux, au rock libre, au charme vintage issu d’une production non policée, aussi instable que ce que peuvent faire leurs collègues de label.
Le début de Time and death illustre bien la démarche, avec un Celebrating the alignement of hearts approximatif et pourtant accrocheur au possible, dont la courte durée porte les prémices de ce qui va suivre. Et effectivement, Hourglass envoûte vite par son côté brut et mélodieux à la fois, pas tout à fait en place, qui fait la particularité de ce groupe déjà précieux. Le chant, naturel et sans effets, seul ou en mixité des genres, ajoutant à l’intérêt de cette entame que le poppy Time and death, joliment entonné par Lisa, vient parfaire avec ses ruades soudaines. Le procédé rappelle Clara Clara et ses Comfortable problems mais selon des structures moins sinueuses et pour un même effet, agrémenté de déflagrations noisy cinglantes ou plus affinées dont la cohabitation ne pose aucun problème.
Et entre le côté doucereux de Little violences, magnifique, et les intonations à la Swell, pour le côté folk-rock/lo-fi, et Grandaddy pour le côté bricolé, de I’m yours, enjôleur mais pas complètement posé, on trouve vite de quoi se satisfaire, en cédant à l’enthousiasme du à la trouvaille, unique, et ces sons biscornus complètement jouissifs comme ceux qui décorent et souillent la fin de ce titre.
Mirrors met ensuite au premier plan un rock plus urgent, basse urgente et batterie saccadée en avant, pas éloigné de Fugazi, un Fugazi plus sage dans le chant, avec ce même penchant caractériel dans les guitares.
Puis Commercial drugs, pop mais aucunement conventionnel, au ton trisounet, valorise à son tour ce bel album par son alternance entre tranquillité relative et éruptions soniques largement profitables.
On s’est alors déjà bien entiché de Time and death, et deux titres vont valider cet attachement, à commencer par Merry Go Round, qui m’évoque certains morceaux du Bossanova des Pixies en plus lo-fi, les voix faisant merveille de par leur association et la réitération des textes déclamés. Puis on en arrive à Gamblers, seul long format (près de dix minutes) de l’album, qui commence dans un climat façon Sonic Youth, noisy mais retenu, et s’enhardit ensuite dans le rythme, faisant se succéder accalmies à l’arrière-plan troublé et sautes d’humeur pour finalement prendre magnifiquement fin sur la première option.
Superbe album donc, très « Clapping » dans sa conception et de contenu irréprochable, au rock simultanément charmeur et impétueux.