Depuis la Mano Negra, qui elle le faisait parfaitement et avec un sens du métissage hors du commun, suivant un esprit délibérément rock, on en mange à toutes les sauces, de cette bouillabaisse fadasse et insupportable, entre les Négresses Vertes en leur temps et Sinsémilia plus récemment, pour résumer et ne citer d’une part qu’un élément un tant soit peu convaincant, et d’autre part l’exemple typique du groupe usé, au discours auquel seule la jeunesse « cool » ou dreadlockée peut croire. Sans oublier Zebda, « belle » représentation d’une contestation mise en son de la même façon à chaque sortie, ou les irritants Tryo.
Sur Citoyen du monde, ce sont deux faces entières de cela qu’HK et les Saltimbanks nous servent, usant même du vocabulaire « djeunz » (dix keus) sur On sera jamais les Beatles (belle lucidité). Seul le souci de musicalité est ici louable, le contenu criant dès les premières notes de Ma parole et Identité internationale une prévisibilité que la diversité des genres, sage, ne peut suffire à effacer. Entre le reggae d’ Un air d’accordéon, aux vocaux féminins à la Piaf révélateurs d’une quête de crédibilité visible comme le nez sur la figure, et les accents orientaux de Jerusalem (Al Qods), et un début de face A dont les percus et les chants dépaysants annonçaient, oh déception, un contenu original et autrement plus énervé, l’affliction point au détour de ces vingt compos, malgré la bonté typique, l’esprit altruiste approuvé dans l’esprit mais bien plus contestable une fois mis en musique, exprimée par Salam Alaykoum (tiens, l’étoffage est en cette occasion très brièvement remonté, belle initiative…).
On imagine d’ici les foules reprendre à l’unisson ces hymnes poliment contestataires et mettant en lumière un quotidien pour le moins pénible, et on leur en laissera bien volontiers la primeur, quand bien même le discours du roubaisien d’origine est bien réel. Et rien, sur cette face, ne rattrapera ce courant qui ferait bien -il est grand temps- de passer à autre chose ou de se souvenir que d’autres l’ont fait, il y a maintenant vingt ans, d’une manière bien plus novatrice, dont le seul défaut aura été, ce disque en attestant, d’ouvrir une brèche dans laquelle bon nombre d’artistes en manque d’identité, ou de plagiaires volontaires ou non se sont engouffrés en se drapant dans un héritage chanson qui a bon dos et un métissage très vite tombé à plat.
Inutile et maintes fois rabaché, un opus sans intérêt, qui ne donne pas même l’envie de « Niquer la planète » comme le onzième de ses titres y incite selon un esprit lui aussi prévisible et usé jusqu’à la corde, recourant de plus et de façon systématique aux mêmes procédés.