Les deux projets ont donc pour dénominateurs communs leur label…et leur démarche d’actualisation, tout en pompant de manière éhontée mais réfléchie et merveilleusement porteuse dans une époque bénie -le début des 80’s-, à ceci près que Vasquez élargit, plus que Sniper, son champ d’action musical. Et puis il y a ce nom, The Soft Moon, aussi charmeur qu’inquiétant, dont le seul énoncé laisse augurer d’un contenu de taille.
Plis que cela, c’est une formidable resucée des genres et de l’époque concernée que le ressortissant de San Francisco, dont l’album éponyme évoque aussi bien le shoegaze sonique d’APTBS (Breathe the fire et Circles, intro d’album imparable) que la cold-wave de Joy Division et, surtout, une relecture personnelle de ces courants, que Vasquez s’est appropriés avec talent et lucidité.
Out of time et sa boucle obsédante, ses stridences sonores délicieuses aussi, complète ces deux chansons d’ouverture d’une façon qui ne laisse aucune place à la contestation, When it’s over et sa noisy-pop matinée de shoegaze, cold aussi, venant se placer en parfait représentant de l’amalgame réalisé par The Soft Moon. Son doux-amer sonique et sensible tape dans le mille et dans l’instant suivant, la basse de Dead love, alliée à un chant léger et des retombées psyché à la fois soniques et mélodiques, efface tout doute quant au contenu intégralement passionnant de l’opus.
Celui-ci fait partie de ceux qui s’écoutent plus qu’ils ne se décrivent, mais captivent au point que l’envie d’en parler s’impose sans qu’on puisse l’endiguer. Parallels corroborant mes propos avec ces nappes célestes portées par une quatre cordes cette fois encore de haute volée, pour faire naitre un morceau équivalent en qualité, voire meilleur, à ce que peut émettre Kill for Total Peace, protégé du louable Pan European Recording. L’option instrumentale de morceau ne gêne en rien et ne dénaturera donc pas We are we, hallucinant d’un point de vue sonore et dosé sans défauts entre rêverie stridente et shoegaze incoercible.
Le chant répétitif de Sewer sickness, ses synthés loquaces et son rythme invariable s’imposent ensuite de la même façon, c’est à dire de manière définitive et irréversible, de même que le rythme convulsif de Into the depths, sombre, froid et shoegaze autant que novateur, Primal eyes en reprenant le contenu sur une touche plus appuyée dans le tempo.
Il n’y a ici rien à jeter, vous l’aurez aisément compris, et Tiny spiders, en parfait « rejeton » de la bande d’Oliver Ackerman, agrémenté de séquences electro rapides, consacre The Soft Moon comme une découverte à faire toute affaire cessante, redevable au passé certes, mais accomplie, novatrice dans l’association des genres, et définitivement indispensable.