L’ambiance y est glaciale, le rythme intermédiaire, et les huit titres de ce standard oscillent entre cold-wave et post-punk, Stares to nowhere et ses guitares aussi froides que lyriques, la voix caractéristique de Lunch se joignant à ces éléments déterminants, inaugurant l’opus sous les meilleurs auspices. Puis c’est 3X3, porté par une basse ouvertement cold, un rythme soutenu bien que changeant et des six-cordes torturées, qui confirme la bonne tenue du disque, que beaucoup considèrent comme le meilleur de l’intervenante du Death Valley 69 de Moore and Co. L’opus véhicule en effet un ambiance singulière, même dans ses titres les plus lents (This side of nowhere), la répétition de ces climats créant un effet considérable, à l’image également de Snakepit breakdown, profond et lancinant, porteur d’une noirceur addictive et parfaitement conçue. Des voix masculines loufoques et troublantes accentuant le ressenti suscité par le titre.
A l’occasion de Dance of the dead children, c’est le piano, couplé à un arrière-plan faussement serein, qui mène la danse et casse le flux de la noirceur vocale et instrumentale avec brio. On regrette juste la courte durée du morceau, que Suicide ocean nous fait bien vite oublier en développant sa cold-wave ici plus mélodique, touchant à la new-wave, l’auteure tenant visiblement une source d’inspiration l’amenant à des sommets d’écriture et de composition, puisqu’elle s’inspire des évènements sanglants de l’année 80 aux Etats-Unis, sur les côtes californiennes, lesquels constituent évidemment l’un des « ingrédients » de ces climats envoûtants. L’amorce de Lock your door et sa batterie en roulements, son avancée semblable à celle de certains morceaux du early Sonic Youth, basée sur la réitération des motifs sonores, complètent cette oeuvre en s’inscrivant dans son parfait prolongement, avant de laisser place au plus long format de 1313, Afraid of your company, dont la durée dépasse les sept minutes.
Fait d’une new-wave assombrie par la voix de Mrs Lunch, mené par une batterie plus soutenue et une instrumentation légèrement moins tourmentée, celui-ci explose sur certains de ses passages et clôt les narrations dégoûtées de la Dame sur une note tout aussi dark et profitable que le contenu général, dont la « reissue » s’avérait, après écoute, nécessaire et judicieuse, et remet en scène un joyau issu d’une époque décidément très prolifique en termes d’albums déviants et décalés.