La tension et les colorations musicales diverses de Genetics, electro ou electro-cold (Better before, magistral, en ouverture), ses humeurs grinçantes et la finesse de son instrumentation (bien assise entre les deux versants, sans jamais y perdre de sa cohérence), et le second titre, ce Your love aux airs de The Notwist énervés et forts d’un « mélodisme » déviant, alerte, fait lui aussi sensation. Les sonorités de synthés, vrillées, et la force feutrée des guitares, ce chant racé, les sorties de route noisy s’imbriquent pour former un tout imprenable, surprenant de la part d’une formation dont j’avoue que je ne connaissais rien d’elle jusqu’à ce que je me rende compte de son statut d’ « ouvreuse » pour la grand Tiersen, et m’en entiche au point de recevoir l’opus pour en décrire le contenu et, but avoué, en faire la découverte, nécessaire, au plus grand nombre possible.
Embrace, fort de cette ambigüité entre mordant et mélodies au léger désenchantement, m’aidera considérablement dans ma démarche, de façon similaire au reste de Genetics. Puissant et caractériel, mais aussi très accrocheur dans ses sons et mélopées, il s’agit-là d’un morceau indispensable, Little wooden plane et son electro-pop subtile suivant avec cette même force de séduction et de persuasion et selon un déroulement moins « orageux ». L’emploi des claviers -ça devient, bonne nouvelle, une constante dans l’hexagone- est particulièrement bon, et étoffe l’univers du groupe de façon marquée, sans prendre le pas sur la coloration pop-rock du tout. Au contraire, elle en prolonge et en accentue la teneur et Rose, cinquième titre dénudé, exhale un climat presque serein, quoique troublé par des choeurs grandissants au fur et à mesure de son avancée, entérine la valeur de cette petite perle inattendue et hautement probante.
The aisle développe ensuite une atmosphère qui n’est pas sans rappeler celles, à part, du dernier Tiersen, incluant batterie en roulements, chant songeur et narratif, le tout débutant de façon retenue pour ensuite imposer des envolées majestueuses, aussi brutes que raffinées. Le haut niveau de l’album n’est donc pas à mettre en doute et si on pouvait craindre l’essoufflement devant tant d’inspiration initiale, April day, fort lui aussi de sons élégants et inquiétants, rassurera bien vite, sa fin orageuse, au sein de laquelle perdure un chant magnifique auquel succède une hausse de rythme imparable, produisant un effet incoercible.
On n’est à ce moment pas encore au bout de nos surprises et Cold war met en exergue une pop inclassable, façonnée et estampillée Nestorisbianca, la voix façon Fergall Mc Kee de Whipping Boy et l’enrobage sonore personnel, aux humeurs variables, le rendant tout simplement incontournable. On comprend alors bien mieux le choix d’imposer ce groupe en première partie de Tiersen et de toute évidence, les plages de Genetics y feront sensation, à commencer par Overcome et sa cold-wave poppy implacable. Genetics et son sample du Punishment park de Peter Watkins, leste et orageux, traversé par des sons et bruitages dont la dureté n’a d’égal que le côté subtil, se chargeant de mettre fin das un délicieux fracas sonore à un travail bluffant, appelé à investir les lecteurs de façon durable et à enchanter le public, privilégié, des concerts de Nestorisbianca, qui pourrait bien par le truchement de ces dix morceaux accomplis se hisser à la hauteur de leur compagnon de tournée.
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