La quiétude folk du premier effort y est reprise, selon le même mode et avec la même superbe, à ceci près que des montées en puissance (First morning light, le premier titre) et de brefs orages électriques viennent magnifier l’opus et lui donner du coffre. La beauté du folk et de la pop de l’artiste, très purs, se fait donc malmener de façon parcimonieuse et tient debout, intacte, au beau milieu de ces pointes colériques d’un apport certain. Et quand elle reprend ses droits, dégagée de toute atteinte (Back to Montreal), le ton introspectif des morceaux forme un bel album, sensible, jamais ennuyeux en dépit de la tranquillité dominante qui en assure le contenu. Des cuivres, sereins, asseyent le calme et l’apaisement de l’ensemble (Please get out!), et on n’en apprécie que plus encore les excès, par exemple, du titre éponyme, I see mountains. Cet intitulé parait d’ailleurs entièrement adapté, tant il renvoie à ces paysages montagneux incitant à la contemplation, certaines autres plages découvrant, au détour de leur cheminements, de soudains tourments, semblables à ceux que Dame Nature peut parfois nous réserver.
On aimerait, du reste, que Damien privilégie, de manière plus marquée encore, ces embardées rock, pour les faire voisiner avec la magnificence d’un Lonesome and cold ou d’un Winter is coming, et instaure des trainées lo-fi façon (swell) qui enrichiraient son oeuvre, dont il faut souligner, malgré ce constat, qu’elle tient largement la route sans cet éventuel apport. Goodbye le prouve, muni de…guitares plus exaltées. Le mot de la fin revenant à Howling voices, dénudé…qui débouche ensuite sur un bonus-track à deux voix, au flou intéressant. Lequel met un terme définitif à un beau disque, porteur de l’identité Kütu Folk et de sa belle dizaine de chansons fragiles et sensitives.