Des membres de Tahiti Boy & the Palmtree family, Phoebe Killdeer and the Short Straws et Jamaica contribuent à cet opus étonnant et ont de toute évidence partiellement influencé son contenu, audacieux et qui se démarque avec à propos des efforts précédents du protégé du label Atmosphériques.
Des essais pop réminiscents de Daho donc (La résilience…au titre significatif tant ce disque prend des airs, de par son contenu, d’élément de nature à faciliter le « rebond » de son auteur, ou l’inaugural Ma peau va te plaire, faussement tranquille, aux cordes judicieuses) voisinent avec , si l’on considère le début de l’oeuvre décrite en ces lignes, un titre mi-Français/mi-Anglais dans le chant (Leave me alone) étonnamment vigoureux, entre pop, rock et electro, dont le contenu pourrait d’ailleurs résumer, à lui seul, l’esprit qui anime ici Joseph d’Anvers. Libre et faisant appel à tout ce qui constitue son background humain et musical, celui-ci y concentre les bribes musicales qui sont les siennes et en fait un parfait morceau à la croisée de ces dernières. Il récidive d’ailleurs sur Paranoid, chanté dans la langue de Molière, mais dont le refrain enlevé instaure celle de Shakespeare, et qui met en exergue une pop-rock à mi-chemin de l’organique et du synthétique bien ficelée.
La chute drape une trame pop dans des sons et des voix samplées issues de l’electro, et des sons acides, et lui évite ainsi un côté chanson à nu difficile à supporter. Puis la pop vive de Radio 1, à la dualité Français-Anglais une fois encore décisive, fait preuve d’une vitalité qu’on approuvera. D’Anvers évite avec brio le faux-pas d’un rendu réduit à la seule utilisation de notre langue, et habile donc ses formats pop d’une vêture plus encanaillée, plus audacieuse, et trouve à l’arrivée le juste dosage entre les genres, doté du mordant nécessaire à en faire un produit de qualité.
Arrive alors un morceau au texte touchant et magnifique (c’est une constante chez ce musicien également romancier), Sweet 16, fait d’une pop-rock alerte et acidulée, relevée par des guitares très en verve. Puis, après La résilience, évoqué en début d’article, Las Vegas marie chant posé et ornement vaporeux, doux-amer, de bon aloi. Les choix effectués sont justes, et Les anges déchus, taillé dans une pop rythmée et dotée de sons chatoyants, en valide la nature, offrant même une fin dominée par un orage noisy maitrisé.
Le plaisir de ces orientations entre atours pop, expérimentation qui jamais ne s’égare et rock impétueux prend à nouveau ses droits sur D.A.N.G.E.R, exercice electro-pop lui aussi habilement orné, aussi charmeur que vivace et rude. Et au sortir de cette nouvelle réussite, (I caught an) exotic bird, en duo avec…Troy Von Balthazar, excusez du peu, instaure un rock tranchant, magnifié par cette dualité vocale superbe et inattendue, lovée dans une instrumentation tendue. Magnifique, il crédite de façon définitive ce Rouge Fer probant, et peut ensuite laisser place à Les âmes solitaires, plus posé, dont le cheminement un peu trop « chanson » est largement compensé par, d’une part, une dernière minute orageuse, et un contenu général d’une qualité jamais prise en défaut.
Un bien bon disque, donc, que ce Rouge Fer bien nommé, à l’occasion duquel Joseph d’Anvers se renouvelle et trouve l’équilibre entre les orientations, en y insufflant la diversité et l’énergie inspirée qui en font un effort sans failles.