La demoiselle, magnétique, a donc de qui tenir et débarque avec une touchante timidité doublée d’un côté effronté, épaulée par trois musiciens dont…son père Pierre, icône du rock hexagonal, à la guitare.
Lou Lesage
C’est d’ailleurs lui qui a composé d’impeccables ritournelles pop-rock que Lou, déjà pleine d’assurance et désarmante de par la quiétude et le calme dont elle fait preuve, chante avec un talent dont on ne doute guère que ses parents l’ont façonné avec toute l’expérience et le savoir-faire qui les caractérise. Une petite dizaine de morceaux sans réelle surprises, certes, mais de belle facture, énergiques ou plus nuancés, pop, rock ou plus folk, dont un Dirty looks irrésistible et un dernier titre sur lequel la charmante demoiselle, dont le regard troublant vous met en émoi dès lorsqu’il se fixe sur votre personne, y va de sa voix encanaillée du plus bel effet.
Lou possède déjà une aura, une voix des plus prometteuses et rappelle en cela sa maman, Gil. Le registre n’est d’ailleurs pas éloigné de celui d’Ulra Orange et produit ce même effet d’accoutumance; tout juste faudra t-il cette artiste à la marge de progression large, à l’avenir, parfaire et intensifier un panel musical pour l’heure parfaitement adapté à son statut de débutante (le terme prendrait presque des atours péjoratifs tant la demoiselle s’est avérée, pour le coup, bluffante) aux innombrables promesses dans la voix et l’attitude.
Une première partie de qualité donc, qui éveille l’envie de revoir ce petit bijou au plus vite: je ne saurai que trop vous conseiller, en ce sens, d’aller la voir à la Péniche, dans cette même ville lilloise, le 14 avril prochain.
Cocoon
A l’issue de cette surprise pleine de charme et de verve feutrée, Cocoon investit les planches sous les vivas d’une foule acquise à sa cause et débute de façon plutôt vivace compte tenu de la sagesse de son répertoire, pour ensuite diluer quelque peu ces penchants alertes au profit de trames trop sages, dont la répétition peut vite lasser. Il n’en sera rien, le public adhérant comme un seul homme aux morceaux de la paire Mark Daumail / Morgane Imbeaud, avec ses quatre musiciens dont deux violonistes aux parties de nature à embellir des chansons certes polies, mais d’une grande beauté et aux ornements aussi sobres que judicieux.
Cocoon
On aurait approuvé la survenue de titres plus rageurs, moins délicats, qui auraient efficacement étayé le panel des auvergnats, mais ces derniers s’en tiennent à un éventail timoré et maitrisé, plaisant si l’on aime les plages folk sans audace, frustrant si on se situe du côté des auditeurs plus rock, avide d’énergie et de structures plus enlevées. Et bien que peu inspirés dans leur communication avec le public nordiste, ils assurent un show efficace en s’appuyant sur une collection de chansons séduisantes et ayant quoiqu’il en soit déjà largement fait leur preuve. La bonne humeur aidant, le set passe donc comme une lettre à la poste et conquiert aisément une assistance dont le comportement serait resté le même face à un concert raté tant l’enthousiasme était de mise au moindre geste, même banal, des musiciens et notamment de Mark dont les postures déclenchent, au sein de la gent féminine, des réflexions ou des cris d’extase dont la décence m’interdit de retranscrire la nature en ces lignes.
Ceci étant, Cocoon rafle la mise sans forcer son talent et si le moment vécu fut appréciable, il serait de bon ton, dans un avenir proche, d’étoffer ces atours folk de façon plus poussée et moins respectueuse des formats conventionnels auxquels le sextet a fréquemment recours.
Photos Lucile Emma.