Interview, quelques temps après la sortie de son second opus, du duo formé par Catherine Leduc et Matthieu Beaumont.
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1. Comment en êtes-vous venus à former votre duo? Et pourquoi le choix de cette formule à deux?
C’est un peu par hasard que nous faisons de la musique ensemble aujourd’hui. Il y a environ 6 ans, alors que nous terminions nos études -Matthieu était étudiant en biologie et moi, en construction textile-, nous avons commencé à élaborer un petit projet tous les deux, simplement parce que la musique est une passion que nous partageons.
2. Quels étaient vos objectifs au moment où vous avez réellement débuté? Aviez-vous d’ores et déjà, sur le moment, l’intention de sortir des albums et investir la scène?
En fait, au départ, il n’y avait pas vraiment d’objectif précis, sinon celui de compléter un album, ne serait-ce que pour l’accomplissement personnel. Jouer sur une scène et que des gens viennent nous écouter, je crois que tout ça était un peu de l’ordre du rêve. On a compris assez rapidement que ce n’est pas tant un métier que l’on choisit qu’un métier qui vous choisit. C’est aussi en ayant des objectifs raisonnables que l’on est surpris à chaque fois qu’une étape est franchie, que quelque chose de bien nous arrive. Si on demande trop, on risque la déception, c’est comme dans n’importe quoi.
3. Les collaborations sont de toute évidence primordiales pour vous. A quoi peut-on s’attendre, dans le futur, à ce niveau?
C’est une bonne question… Nous vivons beaucoup dans le moment présent et pour nous, les périodes de création et la tournée font deux. Comme nous sommes en tournée présentement, j’ai du mal à dire de quoi sera fait demain. Mais plus les années passent et au fil des rencontres, plus nous savons la direction que nous avons envie de prendre.
4. Que vous apporte votre appartenance à Sober and Gentle, qui héberge tout de même les excellents Hey Hey My My?
C’est une grande chance pour nous de pouvoir faire paraître nos album chez vous via un label aussi jeune et dynamique. Nous sentons que nous faisons partie de la famille. Ça nous rappelle notre appartenance à Grosse Boîte, chez nous, et ça, c’est très rassurant.
5. Comment vos albums ont-ils été perçus, tant en France qu’au Canada, à leur sortie? Constatez-vous des différences entre les deux pays dans la façon d’appréhender la musique et d’accueillir les groupes?
Il me semble que l’accueil a été bon de façon générale au deux endroits… Mais je suis loin de croire que ce que nous créons fasse absolument l’unanimité. Et je suis bien loin de croire tout ce qu’on raconte dans les journaux! Avant d’oeuvrer dans le milieu de la musique, je lisais systématiquement les critiques et je m’y fiais parfois. Aujourd’hui, après avoir flairé le milieu par moi-même, je ne suis plus capable d’y adhérer comme avant. Je vois tout de suite les partis pris, les artistes qu’on ne voudrait surtout pas voir tomber et, à l’inverse, les injustices, les critiques écrites à la dépêche sur le coin d’une table sans avoir écouté l’album. Bien sûr, il y a des journalistes qui font très bien leur métier aussi. Chez nous comme ailleurs. Enfin, je ne dis pas que ce n’est pas flatteur de recevoir une bonne critique ou que ça ne me rend pas triste si on parle en mal de notre projet. Je dis seulement qu’au final, du point de vue personnel, tout ce cirque ne veut plus dire grand-chose et que la satisfaction vient beaucoup plus de l’intérieur.
6. Le Français est-il, pour Tricot Machine, exclusif dans le chant? Ou est-il envisageable de recourir à un autre langage?
Pour Tricot machine, je crois que oui. Je parle très bien anglais. Cependant, si je chantais en anglais, j’aurais l’impression de rajouter une couche entre moi et l’auditeur. C’est la seule façon pour nous d’être honnête envers nous-même et de se présenter tels que je nous sommes, pour le meilleur et pour le pire. Chanter dans sa langue pour des gens qui la parlent aussi, c’est comme se mettre à nu. C’est parfois vraiment difficile à assumer. Mais c’est aussi la beauté de la chose.
7. Vos opus s’en tiennent à une certaine « sagesse » dans le son; est-ce pour vous un procédé immuable ou un gage de qualité?
Je ne sais pas si j’utiliserais le mot « sagesse », mais il est vrai qu’à ce jour, nous avons privilégié des sons classiques et organiques qui, selon nous, traverseront le temps et les époques. Envie du moment plus que procédé immuable, mais on espère tout de même que ce soit gage de qualité!
8. Quel regard portez-vous sur le milieu « pop-rock » canadien et, pour la « gouverne » de nos lecteurs, auriez-vous dans votre pays glacial et magnifique des formations à leur recommander?
Nous vivons à Montréal, au Québec, là où la scène « pop-rock » locale est en pleine et constante effervescence depuis quelques années. Cependant, je ne crois pas qu’il en soit de même pour le reste du Canada. Pour tout dire, nous n’avons que bien peu d’échange culturel avec celui-ci. Parmi ce qui ce fait de mieux chez nous en ce moment: Fred Fortin, Malajube, Jérôme Minière, Avec pas d’casque, Jimmy Hunt, Plants & Animals, etc.
9. Vous « frisez » la trentaine. Qu’est-ce que cela engendre dans votre façon de travailler, si toutefois ce statut de trentenaire vous influence dans vos actions?
Ça aura du moins influencé la création de notre dernier album. C’est quand même une étape à franchir… Sinon, je ne sais pas trop. Nous avons un rythme de vie très différent de celui de nos amis qui font des métiers plus traditionnels. Ça fait peut-être en sorte que nous n’avons pas tout à fait l’impression d’avoir cet âge-là…
10. Quel souvenir gardez-vous du concert de lancement de l’album, qui s’est tenu le 21 octobre dernier à la Boule Noire, à Paris?
Le concert aura en fait lieu le 3 février! J’espère qu’on en gardera un souvenir impérissable! Au plaisir de vous y voir.
Merci!
Catherine