Dum Dum Boys
Dum Dum Boys
La Manufacture, lieu Saint Quentinois reconnu de diffusion culturelle, accueillait en ce soir de novembre les mythiques Dum Dum Boys, aux apparitions scéniques éparses ces derniers temps-ce qui accentuait par conséquent le côté évènementiel de ce 13 novembre-, épaulés par les régionaux Molly’s et The Parisians, figure montante de la scène parisienne.
Dum Dum Boys
Dum Dum Boys
Contre toute attente, les niçois, emmenés par un K.Badi théâtral et au sommet de sa forme, et un groupe plus compact que jamais, ont ouvert le bal et fait bien mieux que de tenir leurs promesses, jouant de façon à la fois détendue et percutante, délibérément rock (aucun clavier utilisé ce soir-là, contrairement à leur prestation à la Lune des Pirates il y a quelques années) et nous gratifiant même de nouvelles compos, certaines chantées en Français comme Le Twist, au groove démoniaque façon Bikini Machine, ou d’un Bang bang chanté de façon exclusive pour…l’asso organisatrice qui porte justement ce nom. Puisant dans un répertoire imprenable, les sudistes ont vite mis dans leur poche, que ce soit par le biais des giclées jouissives de la guitare d’E.Fostinelli comme de l’attitude charismatique du leader, un public peu fourni, en tout cas trop peu au regard de l’affiche proposée. Expérimentés, les Dum Dum Boys mettent à profit leur cohésion, leur expérience et leur pluridisciplinarité (une exposition à la Villa Arson (Centre national des arts plastiques de Nice) incluant installations sonores, sérigraphies, peintures, collages et sculptures de Teppaz, projections, films et clips expérimentaux a en effet été mise en place par le groupe) pour imposer un show à la fois visuel et sonique, subtil et distingué, frontal et déviant.
On en vient même à regretter qu’ils ne jouent pas plus longtemps, tant leur discographie leur autorise la plus aboutie des sorties; mais le patchwork offert à la Manufacture suffit amplement au bonheur d’une « foule » parmi laquelle certains ont du, en cette occasion unique, faire une découverte de taille.
Entre rock direct et cheminements plus doucereux, les Dum Dum Boys ont donc raflé la mise avec ce concert à la hauteur de nos espérances de « vétérans », rendant plutôt ardue la tache des combos suivants.
Molly‘s
Molly‘s
Qu’à cela ne tienne, les Molly’s, sortant d’une apparition en demi-teinte deux jours avant à la Lune des Pirates, ont relevé le défi, si on peut dire, avec brio, pour livrer un set solide, rageur et hautement convaincant, rattrapant de façon définitive le faux-pas du 11. Plus à l’aise et forts de ce Sighs of the night désormais en vente, entre autres, dans notre Malle à Disques amienoise favorite, et probant bien qu’encore influencé, les amienois ont montré, si besoin était, qu’il faudrait compter avec eux pour défendre le « bébé » avec panache, l’expérience de la scène et d’une récente résidence dans la capitale picarde mettant incontestablement le groupe sur les bons rails. Un excellent « gig », donc, et une belle réplique à la gifle Dum Dum reçue juste avant, de nature à intensifier une soirée jusqu’alors hautement qualitative, que les Parisians, donc, avaient pour mission de « boucler ».
Molly‘s
Ces derniers allaient malheureusement, en dépit d’un premier album de belle tenue, s’enfermer dans un jeu trop systématiquement « au taquet », vite lassant, l’énergie prenant ici le pas sur une réelle inspiration. Et si les Parisians sont parvenus, lorsqu’ils modéraient leur allant, à retrouver une certaine attractivité, l’accent fut mis de façon trop récurrente sur les tempi élevés et des morceaux semblables les une aux autres, trop linéaires pour distinguer leurs auteurs. Le groupe possède malgré tout les qualités nécessaires à évoluer et à faire preuve d’une pertinence plus accrue, et la fougue d’une jeunesse encore « entravante » pourrait bientôt laisser place à une énergie mieux investie. Et bien que frustrant, ce concert fut sauvé par cette vigueur, dont on attend donc, à l’avenir, qu’elle soit mieux canalisée et mieux exploitée par cette récente révélation francilienne.
The Parisians
Un samedi soir très appréciable donc, dominé par le bonheur de « renouer » avec les Dum Dum Boys et le très bon show des Molly’s, et légèrement terni, donc, par des Parisians dont on attendait mieux, sans pour autant blâmer ces derniers auxquels l’occasion de se rattraper sera vite offerte.
Photos Lucile Emma.