résident en terres rennaises (Popkiller) ou brestoises (Mnemotechnic, I come from pop), ou dans des contrées moins « visibles », il est intéressant de constater que des formations tout aussi méritoires émergent régulièrement de la région, à l’image de Kaiser Palace dont il s’agit là du second album après le premier qui datait lui de 2007.
Ched Helias et ses collègues font les choses sans se presser, plus soucieux de faire dans la qualité que d’aligner les titres stériles, et les dix morceaux de Use the industry mettent au grand jour d’évidentes qualités, entre mélodies racées (In the land of submarines) et ruades rock, le quintet affichant toutefois un éclectisme qui empêche toute classification précise. Une pop-rock aux voix entremêlées (Woman’s hips) introduit idéalement l’album, et des traces new-wave ornent le tout, tandis qu’une voix attachante et des guitares souvent inspirées (Instead of passing) se font elles aussi entendre. Une cold-wave presque enjouée fait le charme de Sleepy head et Kaiser Palace maitrise admirablement son répertoire, faisant même dans un post-punk nerveux et saccadé sur l’étincelant The maximum Heart rate. La voix, aussi vive que mélancolique, se fond parfaitement dans l’écrin sonore des morceaux, même lorsque l’ambiance se veut posée et sereine (We are the flowers) ou intermédiaire et tourmentée (Train), son expressivité ajoutant au charme de ce Use the industry sans faux-pas notable.
L’orientation la plus récurrente est pop-rock, mais elle se drape d’atours divers et adaptés, dont le seul « défaut » serait de générer une variété de nature à égarer l’auditeur avide de cohérence par trop marquée, ou de simplicité synonyme de « conventionnalité ». Et des structures louvoyantes (N°6) porteuses de coups de boutoir noisy ou d’une grâce pop appréciée et légèrement ombrageuses (I am grateful for small mercies) complètent l’ouvrage avec classe.
En fin d’album, les fines mélopées de In the land of submarines et l’allégorie acoustique de I recall now confirment joliment les qualités entrevues ici. Et Kaiser Palace nous laisse donc avec ces dix plages un bon second essai, à ranger à côté des nombreux produits musicaux « maison » issus de Bretagne.