Benoit: Pour quatre d’entre nous (Rémi, Frabou, Jeff et moi) nous nous connaissons depuis le collège et lycée (Greg le clavier nous a rejoint il y a maintenant plus d’un an). On a fait du skateboard ensemble avant de monter un groupe. Etre adolescent dans une petite ville à une époque où internet n’existait pas, ni l’accès à une culture alternative, ce n’est pas le plus facile. Il faut t’imposer entre les footballeurs, les petites frappes et notre façon d’exister c’était le skateboard et la musique. La médiathèque de Saint-Lô par exemple, fut un échappatoire pour nous, on a fait énormément de découvertes musicales, des expériences qu’on s’est partagées entre nous. C’est marrant car de nombreux anciens skateurs ont monté des groupes par la suite, c’est le prolongement de la vie en groupe mais tu t’exprimes toujours de façon personnelle avec ton outil: ton skate ou ton instrument…
Aujourd’hui on habite à Paris et Da Brasilians existe depuis 8-9 ans mais on est encore dans cet état d’esprit. Peut-être que c’est pas très rassurant à nos âges et c’est même différent puisqu’on a nos vies personnelles, professionnelles mais ça fonctionne toujours très bien dès qu’on prend nos instruments.
Muzzart: Votre premier album est sorti le mois dernier, comment s’est passé l’enregistrement et le choix des morceaux?
Benoit: Ce fut enregistré au studio Microbe et au studio Chicken Cottage, du label 3rd Side à Paris. L’enregistrement s’est passé en deux temps. D’abord il a fallu rencontrer Samy Osta avec qui on a co-réalisé le disque. C’est David Tahiti Boy qui nous a accompagné pendant 2 ans comme clavier qui nous l’a présenté. Et il a eu du nez car on s’est tout de suite bien entendu. On ne connaissait pas grand chose au studio, lui commençait juste à réaliser des disques bref on était obligé d’y aller main dans la main. Rien ne fut calculé et c’est ça qui est génial car personne ne savait quel disque on allait faire, Samy avait une vague idée de nous faire jouer en live mais c’est tout. Et au final ce fut merveilleux. Comme je te disais le disque fut enregistré en deux temps: les 2/3 des chansons en plus de 4 semaines et le dernier tiers en 3 jours. A la fin on était décomplexé, confiant et on se sentait plus libre et je pense que ça se sent sur les titres enregistrés à ce moment: « Revolution« , »Please Stay« , « Take Me Away« , « Greetings from America« …
Muzzart: L’album est sorti sur le label Underdog Records, comment les avez vous rencontrés et avez vous décidé de travailler avec eux?
Benoit: Maxime du label est venu vers nous spontanément et c’est ce qui nous a décidé. Au début, on cherchait des labels plus gros et plus connotés rock indépendant et on n’avait pas de vrais retours significatifs, bref on se disait qu’ils ne voulaient pas de nous donc on n’a pas cherché à faire trop de rdv avec eux. Et Maxime est arrivé au même moment par hasard via myspace. On s’est méfié au début, son catalogue n’avait pas grand chose à voir avec notre esthétique mais son enthousiasme nous a décidé. Il fallait qu’on le sorte ce disque de toute façon et aujourd’hui on ne le regrette pas. On a pas mal de promo, il fait un super travail là-dessus, on entend parler du groupe et c’est pas ce qu’il y a de plus facile avec toutes les sorties, surtout quand tu es un vrai indé…
Muzzart: Votre musique évoque la Californie des 70’s et les paroles parlent souvent de s’échapper au soleil, d’îles et d’océans, vous avez envisagé cet album comme un voyage?un moyen de vous évader?
Benoit: Oui, on veut que les gens s’évadent en l’écoutant. On aime se dire qu’il s’agit d’une croisière sur 11 îles différentes. Chaque île a son paysage, son caractère, son climat. L’esthétique est assez différente entre tous les titres, c’est ce qui nous plaît, on a du mal avec l’idée qu’un album doit tourner autour de 2 ou 3 idées, on avait envie que chaque titre explose. Peut-être le syndrome du premier album…
Cependant il reste une sorte d’humeur qui ressort du disque, c’est le côté Californie 70’s, la pochette fait aussi ressortir ce sentiment. Mais pour nous il n’y a pas que ça, il y a aussi le pop anglaise à la Mc Cartney, les génériques de séries américaines, Sébastien Tellier et le premier album de Phoenix, la soul music…etc, des choses qui évoquent le plaisir quel qu’il soit, solaire ou mélancolique. On a le sentiment qu’on a fait un disque assez riche.
Muzzart: J’aime beaucoup la chanson « Janis » et son mélange tristesse du texte/légèreté de la mélodie, tu peux nous en parler?
Benoit: C’est une chanson de Rémi, elle a justement ce petit goût qui nous fait penser à l’album Ram de McCartney. C’est un titre qui fonctionne bien en concert, elle a un côté très populaire, les gens adhèrent facilement à la mélodie et elle a ce petit swing très communicatif. Cependant la chanson parle du passé et de certains secrets douloureux que chacun porte en soi et qui peuvent parfois assombrir notre quotidien. C’est pourquoi elle dégage quelque chose de mélancolique. Mais là où réside sa force, c’est que le tout est porté par une mélodie très joyeuse. Tout passe mieux quand l’enrobage est sucré… c’est aussi ça le grand avantage de la pop music.
Muzzart: Quels sont les groupes qui vous ont donné envie de faire de la musique?
Benoit: Pour ma part je t’en citerai cinq: le premier album de De La Soul « 3 Feet High & Rising », Teenage Fanclub, le premier album de Phoenix « United », tous les Beach Boys et le Neil Young des 60’s et 70’s.
Cette année, avec les gars, on a tous aimé l’album d’Ariel Pink, beaucoup.
Muzzart: Vous avez terminé 2010 avec un concert à Bordeaux en première partie de Katerine avec lequel vous étiez en tournée, comment s’est passée cette tournée et quels sont vos projets pour 2011?
Benoit: La tournée fut super. Bordeaux reste d’ailleurs une date particulière car ce fut la dernière et on a bien joué, on a bien senti les gens intéressés par notre musique, on a vendu beaucoup de disques à la fin. Et puis ça reste une des villes importantes de la scène rock française et l’accueil au Krakatoa fut excellent, le chef cuisto est …fantastique!
En tout cas, on a adoré tourner avec Philippe et les autres car ce sont d’excellents camarades de tournée, leurs portes en backstages ou dans les hôtels étaient toujours ouvertes, on a passé d’excellentes soirées. Et puis ce fut très cool pour nous de se montrer pour la sortie de l’album, on jouait dans des salles de 1000 à 1500 personnes. A chaque fois c’était un peu le même scénario: le silence au début et ,à la fin, la sensation que les gens avaient passé un bon moment donc mission accomplie et un grand merci au Philippe. Les projets de 2011? Un maximum de concerts en France et peut-être à l’étranger…
Muzzart quizz:
1. Quel est, selon toi, le meilleur endroit pour écouter de la musique?
a. à la maison
b. en voiture
c. dans un bar
d. autre
Benoit: b, en voiture.
2. Vous faites de la musique pour:
a. l’argent
b. la gloire
c. embêter vos parents
d. autre:
Benoit: d, la musique
3. Le meilleur groupe californien des 60’s/70’s, c’est:
a. les Beach Boys
b. The Doors
c. The Eagles
d. autre
Benoit: Les Beach Boys
4. S’il n’y avait qu’un festival auquel vous aimeriez participer, ce serait:
a. les Eurockéennes de Belfort
b. les Vieilles Charrues
c. le festival Coachella
d. autre
Benoit: le festival Coachella : on veut bien prendre celui-là, on ne va pas se gêner…hein?