Et alors que le groupe a sorti un album cette année (« The Threshingfloor« ), le voilà de retour dans la salle du Krakatoa. Et après la première partie très orientée musique traditionnelle (le groupe est un duo, avec violon, etc…), c’est donc Edwards et sa troupe qui prend possession de la scène. Le chanteur a son chapeau, se pose sur sa chaise pendant que Pascal Humbert, bassiste mais aussi co-fondateur de 16 Horsepower (le précédent groupe mythique de D. E. Edwards) prend position sur la droite de la scène (par rapport à nous). Et dès que les lumières s’éteignent, c’est le début d’un long voyage, quasi-mystique mais jamais pesant, qui commence. La puissance du groupe, car elle est impressionnante (batterie et claviers ferment le quatuor) prend aux tripes et installe une ambiance orageuse, où chaque coup de sang, chaque coup de nerf est employé à bon escient, avec parfois violence mais souvent une subtilité dans les climats et les biais employés pour surprendre. Les racines de la musique de Wovenhand vont chercher très loin : il y a du blues, mais il y a aussi de plus séminal, de plus primitif dans ces mélodies âpres, pleines de spiritualité.
Et tout ça ne serait peut-être pas aussi fort si le Edwards et son bassiste n’avaient pas une telle présence, envoûtante, tant ils semblent dans leur musique, dans ces chansons aux longues montées instrumentales, où le chant se mue parfois en incantation, et rapidement, c’est toute la salle qui entre en résonance avec eux. Les repères ont disparu ce soir-là, au Krakatoa, et pendant plus d’une heure et quart, c’est à vue qu’ont navigué les nombreux spectateurs, parce que Wovenhand s’apprécie comme ça, sans concession mais avec une passion, un investissement total, à l’image de ce que donnent les musiciens. Un concert rare !
Photos signées Thibault Malherbe
Merci au Krakatoa !