Le duo constitué de Paul et Louise s’est chargé d’ouvrir les festivités, alignant une série plaisante de chansons pop-folk relevées par un rythme de batterie discret, mais dont l’étayage, trop timide, aurait gagné à être plus conséquent. Douée de bonnes chansons mais trop « polie » dans son attitude et dans le contenu de ses compositions, bien qu’agréablement communicative et visiblement dotée des aptitudes qui lui permettraient de s’encanailler et proposer un rendu moins policé, la paire, imaginative dans ses textes et forte d’un univers personnel, qu’il lui faut juste étoffer et « endiabler », pourrait à l’avenir s’imposer. La prestation de ce jeudi soir dévoilant un groupe sur la bonne voie, perfectible donc mais qu’on espère en voie de construction d’une identité propre et non-convenue.
Bon moment donc, plein de charme et d’allant, révélateur d’une union complice mais à parfaire.
Suite à cette sympathique entrée en matière, Dani allait, à la surprise générale, jouer en second et étaler une classe guère surprenante s’agissant de son personnage, mais d’un apport certain quant à l’intérêt de sa prestation, toute en chansons feutrées, musicalement sobre et parfois un tantinet plus rock. Distinguée, s’appuyant sur de nombreuses références à la pop d’antan et faisant en de (trop) brèves occasions dans le rock, la légende est parvenue à envoûter le public amienois, lui faisant également la surprise d’une reprise d’un Daniel Darc aussi bourlingueur et abimé qu’elle-même. Le seul reproche qu’on pourrait lui faire étant, comme pour Paul et Louise, de n’opter que pour une option ouatée, qu’on aurait aimée plus belliqueuse.
Ce constat n’ayant toutefois pas empêchée la dame aux multiples vies de s’en sortir avec les honneurs, tranchant de plus agréablement avec les affiches plus « déviantes » habituellement proposées par la salle du Quai Bélu.
Place ensuite, donc, à Pierre Souchon…dont la similitude avec le père a d’emblée desservi la prestation. Dans le partage, le fils souffre malgré cela de la comparaison, inévitable, et d’un répertoire vite lassant.L’artiste exhorte le public à participer, se prétend « son ami », mais l’attitude cache un manque criant d’inspiration.
En outre, Pierre Souchon a le défaut de faire perdurer un moment éprouvant, ponctué d’interventions qui en accroissent la longueur et de chansons entre lesquelles on a bien du mal à déceler des différences. Et comme pour Paul et Louise, le manque d’audace et de mordant de son répertoire engendre la lassitude, le public se réduisant peu à peu à quelques courageux quidams éparpillés devant les planches.
Pour conclure, cette soirée « inhabituelle » dans son contenu aura accouché de prestations contrastées, principalement en demi-teinte, que la verve de Dani aura relevées et qui nous auront permis, malgré une impression générale mitigée, de déceler un potentiel exploitable chez Paul et Louise.
Photos Lucile Emma.