Seuls 30 ans hier hausse le tempo, sans cependant s’encanailler vraiment, après un Défier les rites un peu moins inerte que La prochaine étape, morceau d’ouverture qui a le mérite de nous amener à dresser le principal constat lié à l’album; celui-ci ravira les amateurs de pop-folk sage, qui y trouveront une douzaine de titres idéals, entre le guilleret Radar et ses synthés doucereux et A l’autre bout/2è rang, ultime titre calme et orchestral.
Entre les deux, le quidam voué à cette pop inoffensive profitera aussi largement des ritournelles soignées décelables sur Un bout ensemble et Dans la mire, à l’accent canadien séduisant. Il passera surement, en plus du plaisir de l’écoute, un agréable moment en live, où la paire parviendra sans aucun doute à créer un univers intimiste de nature à intéresser son public, au son de J’ai des allumettes et son harmonica léger ou d’Avalanche, guère plus méchant en dépit d’une fin rythmée.
Mais de façon globale, la prise de risque est nulle et Tricot Machine semble réitérer une recette qui lui assure le succès, ce que confirmera Comme un accident, lui aussi très « amical » comme l’est, du reste, Une bûche après l’autre. Et le public avide de pop décomplexée, audacieuse et plus exubérante, aura bien du mal à s’enticher de ces chansons qui certes définissent un style affirmé, reconnu comme étant celui, et portant la « patte », de Catherine Leduc et Matthieu Beaumont, mais, au final, trop conventionnel et manquant cruellement de hardiesse.
Et ce disque, s’il touchera certains d’entre nous, ne suscitera guère, au mieux, qu’un intérêt limité chez ceux dont les orientations s’avèrent moins normatives, différentes et délibérément originales.