Bonjour Afrique
En seconde position, nous eûmes droit à une belle bourrasque rock’n’roll, aussi puissante que trop récurrente, signée Detroit 7, emmené par une chanteuse-guitariste wild à souhait et un bassiste bondissant. Survoltés et sans concessions, les Nippons eurent toutefois, on s’en réjouit, le bon goût de tempérer leurs ardeurs à l’occasion de quelques morceaux plus digestes, dont Vivid Sandi ou l’excellent Turn up fader et ses accents soul façon…Bellrays, n’omettant aucunement de nous asséner des coups de tronche sonores dont ils ont le secret, tel ce Why? fonceur et compact ou Watering!, tout aussi furieux. Avec pour effet de déclencher l’hystérie des quelques personnes de même origine et, par extension, d’un public déjà plus fourni que pour Bonjour Afrique. Une bonne surprise donc, bien que sans réelle originalité, qui emporte la mise en misant sur la puissance et une attitude rageuse et mouvementée, un peu au forceps, donc, aux détriments d’une inventivité qu’on aurait souhaitée plus prégnante. Ce qui n’empêche pas la prestation offerte en ce samedi soir de faire son petit effet, en apéritif en préambule à l’apparition des très attendus Bellrays.
Detroit 7
Ces derniers, suite à une attente un peu longuette, démarrent…timidement, mais dans une nuance louable, pour ensuite monter progressivement en puissance et finir sur une impressionnante série de titres uppercut, dans le sillage d’un nouvel opus, Black lightning, en forme de retour aux sources d’un rock tranchant et frontal. Les ressortissants de Californie n’ont cependant guère évolué sur le plan scénique, la puissance demeurant le fer de lance du groupe, et Lisa Kekaula s’en tient à ses atours 70’s endiablés, mais la recette marche prend encore, quand bien même aucune innovation n’est à relever au sein du groupe, qui finit de ce fait par se mordre la queue sur disque comme sur les planches, sauvant la mise par le biais d’une force dévastatrice et d’une poignée de morceaux réellement au dessus du lot. Avec, couplée à ces atouts, une véritable communion avec l’assistance, la désormais légendaire vocaliste osant même une descente dans le public, aussi marquante que difficile dès lors qu’il s’est agi de regagner la scène.
Detroit 7
Entre morceaux du nouvel opus et plages tirées d’une discographie maintenant étoffée, les Bellrays ont donc assuré le show et « fait le boulot », comme on dit, « envoyé le bousin » aussi, d’après une autre expression connue et largement usitée. Mais on est en droit, au vu de l’expérience du groupe et de son ancienneté, d’attendre de lui qu’il innove, sans pour autant y perdre de son cachet et de son identité, bien sur, mais en restant dans la continuité de son rock’n’roll (trop) reconnaissable et personnel.
The Bellrays
Il n’en reste pas moins que globalement, ce samedi soir fut réussi et intensif, l’affiche bien assise entre groupe connu et reconnu (Bellrays), révélation française musicalement novatrice (Bonjour Afrique), et formation moins étonnante mais incontestablement efficace (Detroit 7), ce choix par la team de la Grange s’avérant donc porteur et judicieux. En attendant d’autres dates du même accabit et dans le même esprit, et en vous invitant bien sur à venir nombreux franchir les portes de cette charmante salle picarde.
The Bellrays
Photos Lucile Emma