Ici, c’est une pop-rock chantée en Français, en Allemand aussi sur l’impeccable et novateur Blues automatik, qui nous réjouit les écoutilles, et l’expérience de Schoos, solide, débouche sur des morceaux de belle facture, inaugurés par l’instrumental surf-rock cuivré qu’est A.rtificial R.adar turbulence.
Entre clins d’oeil à la pop sixties (Le roi des paranos), rock « françisant » du plus bel effet (l’urgent et encanaillé Femme plastique), et pop-rock mélodique simple et tubesque (J’aurai ta peau), les débuts convainquent, le chant dans la langue de Molière passant aisément l’épreuve, et on se régale, plus loin, d’un J’écoute une K7 de la vedette qui réconcilie rock’n’roll mordant et usage de ce langage. Les guitares, sauvages, mènent la danse en s’associant à un chant stylé et menaçant, et les musiciens auxquels Miam Monster Miam fait appel pour l’occasion, entre feu le producteur Marc Moulin au piano, Marc ‘Morgan’ Wathieu (fondateur des Tricheurs) à la guitare, Daniel Offerman (bassiste chez Girls In Hawaii, chanteur d‘Hallo Kosmo) mais également Marie France (superbe duo vocal sur J’aime la liberté), le thérémin rétro-futuriste de Man From Uranus, ou la mystérieuse Marie Ange, assurent leur partie avec brio.
L’aisance à instaurer et imposer le Français (Der computer nr3) est surprenante, la diversité de l’ensemble et sa cohérence le sont tout autant, et on parcourt avec cet opus plusieurs décennies au carrefour de la pop rétro, d’un rock à la fois actuel et daté.
Des élans Gainsbouriens (le raffiné Je vois dans le noir) étoffent le tout, avant un rock grinçant et bourru, très grrovy (Charleroi 2015, magnifique prédiction de ce que cette ville pourrait devenir) et une pop electro-acoustique aux volutes psyché bien senties (Le pseudonyme). Puis, en fin de parcours, le bluesy/jazzy Drôle d’époque pour les ventriloques, racé et « abimé » par des grattes torturées, et Erotoman, lascif et jouissif de par ses interventions féminines…particulières, mettent fin avec maitrise à ce bel album, aussi tranchant qu’il peut se faire classieux, et qui allie les deux penchants sans jamais faillir.
Subsiste cependant, au bout de l’écoute, la sensation d’avoir à faire à un catalogue de références faciles; mais entre l’élégance d’un Kat Onoma, la verve verbale d’un Gainsbourg et une force de frappe rock qu’on ne peut qu’apprécier, semblable à celle dont fit preuve Noir Désir, et l’éclectisme nullement nuisible de Femme plastique, Miam Monster Miam & les Loved Drones réussissent leur sortie et signent un très bon album, oeuvre de musiciens aguerris et performants.