C’est le local Pierrot Margerin, alias PM Cursed beat, qui allait ouvrir, avec efficacité, pour les britanniques, aidé en cela par l’expérimenté Alex Mac Carton à la basse, enthousiaste et lui aussi au top, en s’appuyant sur une dizaine de titres bien ficelés, entre rock sobre et élans plus écorchés, trouvant leurs sources dans le passé tout en se voulant modernes. Prometteur, le frère de Laurent Margerin, qui officie lui dans…Margerin, a pour le coup affiché de belles promesses, faisant de surcroît preuve d’un humour à toute épreuve et d’une modestie appréciable. On en aurait même redemandé, tant les morceaux de la paire amienoise s’avèrent aboutis et attrayants, bien assis entre quiétude trompeuse et instants nettement plus belliqueux. Le Molly’s Benoit Dupont intervenant en plus sur trois ou quatre titres, il est par conséquent évident que cette apparition de PM Cursed Beat, la première sous cette formule duo, appelle à bien d’autres venues et à l’élargissement, tant live que sur disque, de l’éventail musical de ces deux musiciens soudés et en parfaite osmose.
Passé cette entrée en matière sans failles, l’excès (néfaste?) et la folie allaient être de mise au moment de l’apparition sur scène du Jim Jones Revue, remonté et jouant avec tant de rage qu’on peinait, sur certains titres, à entendre la voix de l’icône rock’n’roll londonienne. Entre poses authentiques, attitude délibérément rock et titres imparables enchainés sans répit devant un parterre d’excités pas toujours réfléchis mais néanmoins complètement impliqués, la Revue allait mettre à genoux, à coups de fouets sonores…parfois un peu éprouvants, l’assistance d’un soir. Doublés d’une attitude pour le moins communicative avec les participants à cette grande messe rock, la classieux Jim et sa clique l’emportèrent donc sans peiner, ayant pour eux, il faut le dire, un public tout acquis à leur cause.
De brefs mais appréciables et judicieux moments de répit, sur quelques titres du tout récent Burning your house down, allégeant le tout, -on aurait d’ailleurs aimé que le groupe allège son volume sonore, la démarche aurait rendu sa performance plus probante encore-, les personnes massées devant la scène, peut-être plus avides de puissance que de profiter d’un concert réellement « digeste », ont donc pu trouver leur bonheur et s’adonner à un pogo agité, chose devenue rare ces derniers temps à la Lune, et insuffler de l’énergie supplémentaire à un set qui en dégageait déjà une belle dose.
Avec, ce ce qui me concerne, ce même arrière-goût qu’à L’Ouvre-Boite, de Beauvais, en mars dernier, de puissance trop systématique, sans qu’on puisse pour autant qualifier la prestation de moyenne, loin s’en faut. Mais les Anglais gagneraient à mon sens en cohérence en proposant un registre plus aéré, moins frontal, qui les rendrait alors irrésistibles.
Pour l’heure, retenons et saluons cette perf’ « high energy » excessive mais probante, en attendant à l’avenir que le JJR mette de l’eau (peu, point trop n’en faut) dans son grand cru « maison ».
Photos Lucile Emma