Stéphane Mourgues, alias DJ Moule, est l’instigateur de ce projet probant, qui nous régale aussi de plages post-shoegaze qu’orne une jolie voix féminine, celle de Célia (No taste), et trouve d’emblée le bon ton, le juste dosage entre synthétique et organique (Optimism), en s’appuyant sur des climats aériens mais somme toute agités (Fast). Les sons qui étoffent les onze titres de l’album sont eux aussi judicieux, Hello bye bye ayant de plus le bon goût de ne recourir à la voix vocodée qu’en deux occasions, ce qui renforce l’intérêt de cette option, et le refrain de Gonna make it confirme le brio de l’entame par son côté à la fois dansant et incoercible. L’orientation est certes plutôt electro pop, mais déclinée selon un panel riche et diversifié qui, s’il peut légèrement dérouter au premier abord, n’en décèle pas moins son lot de bonnes surprises, sans écarts ni « plantade », comme le poppy Vertigo ou, plus loin, un Good old days sobre et tranquille décoré par un arrière plan doux-amer.
On s’attarde à chaque morceau, on pense autant à Death in Vegas qu’aux Dandy Warhols ou LCD Soundsystem, on se prend au jeu tant dans les moments de rêverie que sur les essais plus vifs (Lost), et on se surprend à vite mémoriser et chanter les refrains dudit disque, qui reste bon jusqu’à son terme, par exemple sur Way out et ses élans rock bienvenus. On se situe ici à la croisée des influences citées, perceptibles certes mais fort bien assimilées, et Don’t look at the past, qui associe chant posé et trame simultanément enfantine et gentiment agitée, s’ajoute à la liste des réussites signées des Charentais. Puis Out of my head, superbe exercice pop-rock brumeux, réminiscent de la new-wave, semble mettre un terme à cet opus de belle facture…avant que ne se profile un bonus-track d’obédience pop tout aussi abouti.
Que du bon donc, assez original et bien ficelé pour séduire de façon durable, sur ce premier jet surprenant, dont la qualité le hisse à la hauteur des autres sorties du label, Gâtechien et Tokyo Sex Destruction en tête.