Ici, l’homme de Nashville joue un blues à mi-chemin entre authenticité et actualité, superbe, moins déviant que celui de Deep cuts mais tout aussi abouti, et charme par la sérénité racée qui émane de son disque.
Simple, à forte dominante acoustique, celui-ci jouit d’une instrumentation simple et judicieuse, qui laisse à l’artiste la place pour s’exprimer et user de sa voix mélancolique, qui fait mouche dès Season man et impose régulièrement un côté feutré, ceci jusqu’au septième titre, un Strange night plus rythmé, électrique, dans la retenue mais plus griffu et tranchant avec ce qui précède. The Shine est donc voué dans sa quasi-intégralité à ces trames dont la sobriété débouche sur d’imparables réussites, et qui s’accompagnent à l’occasion d’un harmonica plaintif (le légèrement funky Ain’t doing nobody no good, Something to soften the blow), ou encore d’un orgue discret (Tell me why) et envoûte aisément, fort d’atours « coin du feu » et porteur d’un esprit à la Dylan ou Cohen, débarrassé de tout ornement superflu et réduit à sa plus simple expression. L’inspiration est constante et le tout brillant, seule l’absence ou semi-absence de morceaux « durs » nous amenant à faire la fine bouche, d’autant qu’on sait le bonhomme capable du meilleur dans ce domaine.
Mais son organe vocal chaud et grave, la vêture sonore de ses chansons, l’émotion qui sen dégage et la tonalité générale de l’album, prenante, font de ce nouvel effort une bien belle réussite, forte de parties acoustiques étincelantes (All, Roll train roll).
En outre et en dépit de la pureté des compositions, certaines d’entre elles, dont Ain’t doing nobody no good, exhalent des relents de blues des marais, élégant mais gentiment tourmenté, et dotent l’opus d’un cachet particulier qui en accroit l’effet.
Très bon essai donc, qui marque en plus un changement, dans la cohérence et la continuité, de la part d’un artiste qui maitrise son sujet sur le bout des doigts.