C’est tout d’abord Alice Lewis, aux compos animées la plupart du temps par un synthé aux effluves 80’s appréciables, et une boite à rythmes discrète mais déterminante, qui allait charmer un auditoire peu à peu conquis par les comptines poppy de la dame, enthousiaste et communicative, capable de passer avec le plus grand naturel, en parfaite cohérence, d’un titre à la trame légère et détachée à un essai plus rythmé.
De plus, le recours à une sorte de piano-accordéon sur le premier morceau allait accentuer l’individualité de la musicienne, dont les prestations gagneraient très certainement en envergure et en intensité accompagnées par un véritable groupe. Ce constat n’a cependant nullement empêché Alice de nous gratifier d’un set tout en charme et en sucreries pop ou electro-pop de belle facture, parfaite introduction à Tunng et son répertoire sans failles, divers tout en s’en tenant la plupart du temps à une trame pop-folk superbement maitrisée.
Les Anglais, emmenés par un guitariste agité, auteur d’un solo pétaradant sur un ou deux titres, et une chanteuse dont l’organe enjoliva les morceaux joués ce soir-là, allaient mettre en joie un public très vite conquis par l’allant, la passion et l’attitude de Tunng, capables d’instaurer une rudesse folk-rock surprenante à l’aide de…deux guitares sèches, en s’appuyant pour cela sur une batterie cinglante, parfaitement sonorisée comme le fut d’ailleurs l’intégralité du concert, mais aussi de régaler les spectateurs de morceaux folk imparables, ou encore de zébrures noisy du plus bel effet.
En outre, les voix associées, en parfaite adéquation, des trois vocalistes de cette pétillante formation, ont elles aussi produit un effet significatif, de même que les touches electro, discrètes et marquantes, audibles ça et là. Et la valeur des morceaux jouée pour l’occasion, entre l’enchanteur Hustle, Don’t look down or back et ses chants entremêlés sur fond de guitares nerveuses, l’electro-folk chatoyante façon The Notwist de Tale from black, le finement ciselé The Pioneers qui rappelle le meilleur du (Swell) de David Freel, ou encore l’inénarrable Bullets, joué en rappel, a fait pencher la balance, de façon définitive, en faveur de ces artistes dont on ne pourra plus dire à leur sujet, suite à ce set de haute volée et comme l’exprime le refrain de Bullets, « And now…we don’t remember », tant le spectacle offert est de nature à marquer les esprits de façon durable.
Avec, cerise sur le gâteau, un enchainement rock’n’roll en diable, incluant deux morceaux, qui allait donner le surplus de mordant rock nécessaire à une prestation déjà magnifiée par les mélopées impeccables de ces musiciens dont je ne saurai que trop vous recommander l’acquisition de leurs albums.
Superbe soirée donc, de celles dont on ressort le coeur en fête, avec les yeux qui brillent et un large sourire aux lèvres, débarrassé de tracas que la splendeur et l’intensité du moment vécu relèguent au second plan.
Photos Lucile Emma.