En outre, elle s’y entoure de musiciens de studio chevronnés, participe aux arrangements et mobilise avec elle bon nombre de « dinosaures » du genre. Jugez donc: Jonny Lang et B.B. King, l’harmoniciste Charlie Musselwhite, l’organiste Allen Toussaint ou encore Ann ‘I Can’t Stand the Rain’ Peebles, ont répondu à l’appel pour livrer une série probante de covers tantôt énergiques, animées par une voix soul encanaillée (Down don’t bother me, un Just your fool sur lequel Musselwhite livre un duel époustouflant, à l’harmonica, à l’organe de la dame), tantôt plus posés, hautement musicaux (Shattered dreams), et jamais l’ennui ne pointe au détour des compos de Memphis Blues, aussi moderne qu’authentique, magnifique hommage aux trames souvent prenantes et inspirées.
Sur Early in the mornin’, c’est de nouveau une dualité vocale décisive qui porte le morceau vers les sommets, et plus loin, sur un Don’t cry no more énervé et saccadé, puis plus sirupeux, avec ce saxo enivrant, la diversité de l’album s’impose comme une évidence, entre élans soul, pointes jazz, bribes d’un rock d’époque, et bien évidemment blues simultanément actuel et daté. On appréciera tout autant, entres autres, les soubresauts funky de Rollin’ and tumblin’, et seule la récurrence de titres feutrés, peut-être un peu trop démonstratifs, comme Mother earth ou Romance in the dark pour ne citer que ceux-ci, portera atteinte à la qualité d’un opus abouti, audacieux et porteur de moments d’envoûtement remarquables. On pourrait aussi objecter que l’option « reprises » marque un certain essoufflement ou une perte d’inspiration, mais le rendu écarte, par sa teneur, toute idée de cette nature.
Belle surprise donc, que ce Memphis Blues dont le contenu crédite grandement sa créatrice, et l’équipe sur laquelle elle s’est appuyée pour l’occasion.