Le fait est qu’en dépit de cela, Radiosofa s’inscrit dans un créneau « rock »…chanté en Français, d’une part, et bien peu offensif, moins encore si l’on tient compte des goûts avoués par les rouennais. Et cet album semble même porter un nom de circonstance, tant l’ennui y pointe, à peine troublé par des morceaux moins maladroits, moins directement référencés (Deportivo, Noir Désir) tels Comme un rêve, Le souffle court sur lequel on jurerait entendre un mauvais pastiche de la clique de Bertrand Cantat, ou encore 10 000 brasses. Le ton est léger, trop léger, trop lêché aussi comme le chante Thomas Cramoisan sur le morceau cité plus haut, et l’ensemble souffre cruellement de ce manque d’identité.
En outre, les textes, loin d’atteindre la qualité de la formation bordelaise, pêchent par leur manque de profondeur, et ne peuvent sauver de la médiocrité un disque soigné certes, mais qui ne survivra pas à la première écoute et ne fera pas date. Il aurait pour cela fallu multiplier les moments de tensions comme sur Les portes, les intensifier, affirmer sa singularité plutôt que de rendre une pâle copie inspirée de groupes autrement plus avancés, et faire preuve de plus d’audace dans le choix de la reprise (ici, le Fuzzy de Grant Lee Buffalo) ainsi que dans les collaborations, qui incluent Arman Méliès et Da Silva, guère plus farouches et convaincants que le quintet normand, et d’un apport relativement limité s’agissant de leurs interventions.
L’album aurait pu, dans un créneau chanson très prisé, faire son chemin et s’imposer. Mais Radiosofa se prétend rock et partant de ce constat, le résultat obtenu ne peut que le discréditer…et s’essouffler bien trop vite, confirmant malheureusement le doute insinué par son intitulé.
Un large raté donc, de la part de Radiosofa, au sein duquel bien peu de satisfactions peuvent être « repêchées ».