Le line-up est donc prometteur, et nous gratifie de chansons posées, élégantes, feutrées, sur lesquels le chant mélancolique de Boy, associé à une trame sobre, d’apparence calme mais troublée par de légers bruits crépusculaires, fait merveille et charme irrémédiablement. Le cheminement ne varie guère, certes, et s’en tient à une attitude allégorique, mais le sentiment de mal-être qui se dégage du tout constitue un bel atout, d’autant plus important que sa mise en son atteint sur ce disque des sommets de splendeur (A great sorrow). L’ornement est de choix, et les rares morceaux un peu plus vifs (Silent is your song, le Into the light inaugural) donnent à l’opus le surplus d’intérêt nécessaire, lui évitant également de sombrer dans l’uniformité tout en exhibant des cuivres eux aussi prenants de par la tristesse qu’ils exhalent.
En fin de tracklist, It might be the wrong place confirme cet étayage, bien que s’en tenant à des atours bridés, jamais colériques, et la qualité générale du disque, qui fait d’une attitude résignée, allégorique, son principal atout. Boy et ses musiciens n’ont aucunement besoin d’en rajouter, ou d’en faire des tonnes, pour s’exprimer; ils le font avec pudeur et talent, avec passion aussi, et livrent au final un album dont la beauté trouve sa source dans un malaise presque palpable. Un malaise presque indispensable à l’élaboration de l’album, dont on ne sait si, généré par des penchants plus enjoués, il aurait été aussi bon. On peut le penser, compte tenu de la cohésion trouvée par les intervenants; mais pour l’heure, l’occasion nous est offerte de profiter à plein d’un spleen dont la survenue génère un bien bel album, « nuptial » et enchanteur.