C’est aussi le cas d’Amiens, où se nichent des formations telles que Molly’s, Oregone, Gderws ou encore The Beyonders et, dans un registre plus strictement pop, Nathaniel Isaac Smog.
Celui-ci se distingue donc sur ce premier EP, mis en avant par cinq titres superbes, fruits du travail d’un orfèvre pop aux capacités étendues. Et si la douceur prédomine, The boy of the moon, premier morceau alerte sur sa seconde partie, nous montre que le Picard sait donner une belle vigueur à son discours.
Mélodiquement, on navigue ici dans des terres balisées par Arcade Fire, dont l’émotion est ici égalée par ce disque étonnant, de même que sa pureté pop, et le panel utilisé est large tout en restant sobre, jamais « débordant », au service en fait de l’élaboration des structures simples de Baptiste Okala et ses collègues. Les mélopées évoquent la sensibilité d’un Radiohead et la clarté de celles des Beatles, influences avouées par cet humble artiste, et on succombera tout aussi aisément à My little place, comptine pop feutrée et vivace, dotée de motifs chatoyants, où même les claviers se distinguent en brodant des envolées aussi dépouillées que significatives.
On retrouve ce dépouillement, cette forme de mise à nu, sur Brother, voix et piano suffisant, à eux seuls, à porter la chanson vers des sommets de grâce et de sincérité. Puis Sleepwalker, aux choeurs étincelants, à l’acoustique enivrante et finement ciselée, fait de ce EP un must…dont on ne regrette à ce moment précis que le peu d’envolées plus rageuses qu’il inclut.
Qu’à cela ne tienne, Dark hollow et son amorce une fois encore épurée laissent ensuite la place à un rythme franc et une coloration plus ouvertement pop-rock, tranchante mais ne se départissant aucunement de ces airs gracieux, lesquels mettent fin avec superbe à un digipack de haut niveau, dont l’écoute nous incitera à nous pencher plus en avant sur le cas de ces groupes trop peu connus, au talent énorme, au milieu desquels Nathaniel Isaac Smog trouve donc une place plus que légitime.