A l’image de Jay Reatard, justement, il amorce son disque avec trois titres agités inaugurés par le tubesque et explosif King of the beach, et allie magistralement jolies mélodies vocales et son volontairement cru. Ces trois morceaux font d’emblée la différence, entre les choeurs addictifs de Super soaker et le refrain obsédant de Idiot, doté lui aussi de choeurs aussi simples qu’enivrants…et c’est là que le jeunot commence à étoffer son répertoire, pour le plus grand bonheur de nos écoutilles, avec un When will you come scintillant, pas éloigné des Raveonettes les plus posés qui soient, aux mélopées une fois de plus magnifiques.
On comprend dès lors que le bonhomme tirera son épingle du jeu quel que soit le genre pratiqué, et il embraye ensuite sur ses tonalités noisy/lo-fi de prédilection, sur un Post acid tout aussi irrésistible que les morceaux du début, rythmé, mélodiquement parfait.
Sa démarche consiste donc à étayer son propos par le biais de morceaux plus tempérés, au milieu de ses bourrasques noisy, ce qu’il fait sur Take on the world, alerte certes, mais adouci par un ton d’ensemble plus posé et ces choeurs décidément remarquables. Il a de plus le bon goût d’aller à l’essentiel, de ne jamais en rajouter, et poursuit son oeuvre sur la seconde moitié de ce King of the beach qu’on classera à coup sur dans le peloton de tête des sorties rock annuelles.
C’est un Baseball cards tranquille, aux légères effluves lo-fi, chanté avec légèreté,magnifié par des voix féminines, si je ne m’abuse, qui introduit justement ce deuxième volet avec brio. Puis Convertible balloon, poppy et basé sur l’association de deux chants, confirme et valide la démarche, porteuse et judicieuse, de l’artiste. Des sons imaginatifs enjolivent le morceau, et Wavves peut ensuite laisser libre cours à son ingéniosité sur ce Green eyes à mi-chemin de ses prétentions noisy et de ses ouvertures plus pop. Superbe, léger et galopant à la fois, celui-ci fait de l’album en présence, avant même son terme, un must-have. Et quand arrive Mickey Mouse, dénudé, relevé par de discrètes embardées shoegaze, l’envie de rejouer l’album s’impose sans coup férir.
On n’en a cependant pas encore fini, et Linus spacehead, tranchant et…forcément diablement mélodique, fort de ces choeurs récurrents et décisifs, enfonce le clou, imité en cela par un splendide Baby say goodbye, superbe conclusion poppy aux voix enchanteresses, d’abord tranquille puis complètement « free » sur sa seconde partie.
Comme pour Jay Reatard donc, duquel on pourrait aisément le rapprocher, Wavves constitue une véritable machine à tubes noisy mélodiques, et signe un album aussi imparable que les oeuvres du défunt, que nos platines joueront de façon répétée cet été et même bien au delà.