Si le groupe est donc américain, les mélodies, soignés et délibérément datées, marquées par ce cachet 60’s réjouissant ou extrêmement lassant, c’est selon, semblent privilégier la perfide Albion. Le début d’album, avec ce Change distingué et agité très convaincant, en attestant avec une belle maitrise. Une attention particulière est portée aux mélopées, simples et efficaces, portées par des guitares incisives auxquelles s’adjoignent les claviers (Take a vacation), The Young Veins tirant également son épingle du jeu sur le tempo intermédiaire de cette entrée en matière, Cape town.
En outre, les habitants de Los Angeles font dans le court (treize titres pour un peu moins de trente-cinq minutes), et si l’on pourrait souligner le fait que les morceaux ne décollent pas vraiment, ne libèrent pas vraiment l’énergie qu’on devine en arrière-plan, le tout tient ses promesses, la paire Ross/Walker parvenant même à un résultat à mon sens supérieur à ce qu’elle mettait en place avec Panic at the disco. on aimera ainsi, entre autres chansons abouties, même si nullement novatrices, la vigueur de Young Veins (die tonight), et de façon plus générale, la qualité d’ensemble de Take a vacation!, qui se permet une accalmie, si on peut dire, acoustique, sous la forme de ce Everyone but you posé.
On en arrive alors à la seconde moitié de ce digipack élégant, rétro jusque dans sa présentation, que The other girl amorce habilement, en associant guitares au propos réjouissant et chant très anglais, Dangerous blues, le titre suivant, se montrant plus « sirupeux », tout en mettant en exergue le fait -il s’agira là du principal « bémol » apposé à l’oeuvre décrite- que The Young Veins n’ont rien créé, rien inventé, loin s’en faut, se contentant d’actualiser avec panache un univers daté mais finalement encore très actuel tant les formations actuelles se le réapproprient de façon régulière. Les morceaux de Take a vacation n’en restent pas moins bons, comme ce Defiance à l’image du groupe, mélodique mais toujours doté d’une énergie salvatrice, un peu trop bridée peut-être, mais n’empêchant pas la qualité.
La fin d’album se maintient dans cette moyenne acceptable, avec Lie to the truth, d’abord timoré puis plus offensif, puis un Heart of mine à l’acoustique enjouée et belliqueuse, façon chorale, qui précède deux « bonus tracks » dont le premier, Security, fait preuve de mordant, secoué par des riffs rudes. Le second et dernier en ce qui concerne l’album, When you walk in the room, démontrant lui aussi une certaine vivacité, dans l’esprit rétro mélodique, inspiré et jamais figé, qui définit the Young Veins. Lesquels signent donc là un premier album honnête, sans réels faux-pas, dont la seule critique à lui apporter serait de ne pas mettre au grand jour une identité entièrement individuelle, qui distinguerait les Américains et les démarquerait plus nettement.
Ces derniers étant malgré tout, et de toute évidence, dotés de belles aptitudes, la suite de leur carrière pourrait bien avancer en ce sens et leur permettre de s’affirmer de façon définitive comme un groupe singulier,aux influences dépassées et moins nettement perceptibles.