Ca débute d’ailleurs de façon très vive, sur un Driving alerte, doucereux mais rendu « mordant » par des guitares bien présentes et des claviers aux boucles qu’on ne peut ignorer. Les débuts sont donc au delà de tout soupçon, et le massif Make you feel, relevé par des cuivres, à l’acoustique chaleureuse, confirme le bon niveau auquel le new-yorkais peut se hisser.
Chaque chanson, dans ce disque, frappe dans le mille, et aucune ne ressemble vraiment aux autres, à l’image d’un troisième titre, Sacrifice, aux allures de folk à deux voix sincère et rythmé, ou encore de ce Don’t grow up presque champêtre, Levitt y faisant étalage de sa superbe voix, fragile et enjouée, sur un fond sonore dominé par le violon d’Erica Quitzow, qui officie par ailleurs sous le nom de…Quitzow, avec autant de brio que son partenaire d’un album.
Sur Into the wire, un rythme galopant supporte une trame folk-rock, aux voix associées, du plus bel effet et dotée d’excès sonores bienvenus, mais toujours dans une retenue ajustée, en phase avec l’orientation voulue, sous l’égide d’une guitare discrète et décisive.
Il est d’ailleurs à noter que chaque instrument, chaque « joueur » fait juste ce qu’il faut, pas plus, pour étoffer au mieux la palette de Setting Sun, ceci jusque dans la douceur cuivrée et déliée de One time around, ou l’alliage des chants fait de nouveau merveille. Il y a du Eels, vocalement, dans ce titre, dans la délicatesse et la mélancolie qui se dégagent de la voix, et l’on est tout heureux de renouer, sur le morceau suivant, avec un rythme intermédiaire (I love mellotrons) accompagné d’un ornement au sein duquel le violon se taille la part du lion, dans une bien belle envolée.
Seul titre sans chant, ce dernier est suivi d’un The tree lancinant, à la batterie qu’on dirait volontairement « freinée », les organes vocaux s’y entremêlant là encore avec superbe, qui se déploie lentement jusqu’à générer l’enchantement.
Levitt ne s’arrête pas en si bon chemin et offre ensuite deux titres « terminaux », à commencer par Handsome bride, mélodique mais troublé par une instrumentation intense et agitée, pour parachever son oeuvre sur The sympathetic CEO, un peu dans la même veine. On sent chez Setting Sun une certaine force, même dans la sérénité; une énergie soit évidente, soit plus larvée, qui vient accompagner avec à-propos les compositions inspirées du bonhomme, dont ce Fantassureal constitue à coup sur l’une des belles surprises de ce début d’année 2010.