Quelques mois après la sortie d’un World is science fiction de haute volée, aussi « cold » que chaleureux, petite interview, instructive et bon enfant, avec la contribution de tous…FRIGO, donc, fort de cinq sorties cd, dont deux albums, et d’une autre en dvd, et d’un style personnel, en perpétuelle évolution, qui trouve son apogée sur le « petit dernier » nommé plus haut…
1. Ne vous connaissant finalement que très peu, si ce n’est par le biais de vos albums, je débuterai par une question « bateau », qu’on a déjà du vous poser ; pourquoi s’être appelés « Frigo » ?
BREN : Parce que Nirvana ça avait déjà été pris!!
2. La rencontre avec Rodolphe Burger, qui est tout de même l’ancien chanteur-guitariste de Kat Onoma, a-t-elle été primordiale dans votre avancée ?
BREN : Cette rencontre nous a permis d’accéder a des moyens techniques (studio avec du temps pour enregistrer, producteur) et aussi de pouvoir être distribué et signé sur le label » Dernière bande « ( qui était le label de Rodolphe a l’époque). Ca a été une bonne expérience dans l’ensemble qui a fait avancer l’histoire de FRIGO. Et de laquelle on a pu tirer quelques enseignements.
YAN : Du coup quand tu signes sur un label tel que Dernière Bande Music , qui avait plutôt bonne presse a l’ époque , les contacts se font plus facilement , on a donc travaillé avec Daktari , une boite de booking sur Brest , on commençait a avoir un pied dans le bourrier…
MAXB: Rodolphe est quelqu’un de cool et de bienveillant. Il n’y a pas eu de véritable échange artistique avec lui, mais il a su nous donner les moyens pour enregistrer « Teleportation » et « Funambul » et c’est une expérience qui nous a permis d’apprendre beaucoup de choses et de nous renforcer en tant que groupe.
3. Vos collaborations, nombreuses et régulières, sont-elles une source d’innovation ou departage destinée à enrichir votre répertoire ? Quelle est celle qui vous a le plus marqués ?
YAN : C vrai que sur Funambul , on a voulu se faire plaisir en invitant des musiciens envers lesquels on a un grand respect tel que Scott mc Cloud de girls vs boys , Troy von Balthazar de Chokebore et Tepr.
donc c impossible pour nous de te dire laquelle nous a le + marquée , chaque rencontre est unique en soit , je me souviens encore quand on recevait les voix de Scott et de Troy , ils avaient recordés dans leur studios respectifs à NYC et a Hawaï , on était au Silvermine Studio à Strasbourg qui appartient à Rodolphe Burger , on était tout excités d’ entendre nos parties instrus avec les voix de ces mecs là ! Une putain de belle expérience, vraiment.
MAX B : Disons qu’on ne se donne aucune contrainte. Quand on se dit que ce serait cool d’inviter Troy Von Balthazar, ou Scott Mc Cloud, au même titre que des joueurs de sax ou des cordes, on lance l’invitation et on voit ce que cela donne. C’est avant tout pour se faire plaisir. On aime donner une autre lecture de nos titres en studio.
4. Quel regard portez-vous sur la scène rennaise, que je sais très riche, et sur la scène hexagonale ?Y’a-t-il, dans ce giron, des groupes avec lesquels vous souhaiteriez collaborer ?
YAN : la scène rennaise, je la connais plutôt bien, car j’ai monté l’asso Insomniac avec mon pote Ben, afin d’organiser des gigs. Pour la plupart ils font du garage ou du punk , qq 1 se démarquent , en expérimentant un peu tel que F hiro , Splash wave , Sudden Death of star, The Enchanted wood . C vrai qu’ici il y’a énormément de concerts, de salles ou jouer, mais comme dans ttes les villes actuellement les petits lieux de diff. commencent à tirer la langue comme le mythique Mondo Bizzarro, on leur met pas mal de bâton dans les roues, bref ça craint !
Ah oui j’en profite pour vous signaler l’existence d’un groupe mortel qui vient de se former à Brest, c’est Prismo perfect, ils sont fans de No Age, c vraiment bon, allez donc écouter ça.
MAXB : Concernant la scène française, j’ai l’impression qu’il y a en ce moment pas mal de groupes synth-pop qui se mettent à recycler ce qui se faisait de plus mauvais dans les eigthies. ça donne quelque chose d’assez comique finalement. Il y a quelques années, il y avait plusieurs scènes, math-rock, électro, post-rock… En ce moment, il n’y a pas un style qui fait l’unanimité et je trouve cela assez intéressant car c’est une période assez propice au renouvellement des genres (je trouve)…
5. Quel est le mode de composition au sein du groupe ? Démocratique, ou complètement dictatorial comme pouvait le faire Frank Black avec les Pixies ?
BREN : C’est un mélange des 2 en fait.
Max compose les 3/4 des titres au niveau mélodique, ainsi que l’intégralité des textes.
.Yan compose le 1/4 restant soit en partant de ligne de basse ou de séquences claviers. Ensuite on confronte nos idées à tous les 3 et on restructure les titres afin de leur donner la « FRIGO TOUCH « !!
MAXB: J’ai des idées assez claires sur l’orientation des morceaux mais je pense rester assez ouvert sur leur interprétation.
6. Comment prenez-vous la reconnaissance, critique et publique, qui vous est accordée,
depuis «XYZ » et « Teleportation » notamment ?
MAXB: Et bien c’est plutôt cool d’avoir bonne presse mais maintenant, pour vendre du disque et continuer l’histoire, un « succès d’estime » n’est pas suffisant, plus personne n’achète de disques malheureusement et quand tu es attaché à proposer des productions correctes, cela devient plus difficile de se doter des moyens nécessaires!
BREN : C’est toujours plaisant de voir que les gens kiffent ta musique et que des chroniqueurs arrivent à retranscrire ce que tu exprimes dans tes albums.
Après ça reste subjectif, on s’est bien fait pourrir aussi dans certains papiers, des fois c’est justifié, des fois c’est vraiment le délit de sale gueule…c’est comme ça…
YAN : oui comme dit le gros Bren , c 1 jeu , il faut accepter les règles , à partir du moment ou tu choisis de faire de la music , tu sais très bien que tu vas t’exposer aux critiques en + notre style est facilement critiquable je dirais , on n’est pas assez rock pour certains , pas assez électro pour d’ autres bref , en + certains titres sont chantés en français , on aime bien brouiller les pistes , tendre le bâton …
7. La fratrie, au sein de Frigo, est-elle un atout, ou, en certaines occasions, une entrave ?
BREN : Ca veut dire pas de compromis et des discussions sans détour….. Des fois ça passe et ça évite de tourner 3 heures autour du pot avant de prendre une décision.
Et des fois ça casse .Dans ces cas la je me mets à pleurer et boire de l’alcool a 90° ;))!
MAX B: Les discussions sont très, voire trop orientées, mais c’est surtout difficile pour les autres je crois. On peut se comprendre comme quiconque mais on peut aussi parfois être trop directs dans les échanges. Nous ne sommes pas non plus les frères Gallagher. Je penses que pour la composition des morceaux, cette situation est quand même bénéfique, car nous écoutons la même musique, ce qui nous aide à ne pas trop nous éparpiller.
8. On sent que vous vous attachez tout particulièrement à l’élaboration d’un son qui vous est propre. Quelques mois après la sortie de « World is science fiction », ou pensez vous en être de cette « quête », et pensez vous qu’elle est encore perfectible ?
YAN : C assez marrant ce que tu dis, car tu es dans le vrai, on s’est tjs attaché à avoir notre propre son et créer notre propre ambiance dans les morceaux, cela doit se ressentir au fil des albums.
Tu sais quand on vient d’accoucher d’1 LP tel que WISF, on a envie de passer a autre chose, c’est à dire de composer différemment mais c plus facile a dire qu’à faire, on verra l’avenir nous le dira.
MAXB : Nous aimons autant le rock bien péchu que l’électro intimiste, voire atmosphérique. On joue une musique basée sur les contrastes, les ruptures. On aime beaucoup poser des ambiances planantes, assez calmes, puis, en opposition, utiliser des guitares ou claviers distordus. Je crois que ce mélange apporte une « patte », on aime cette idée d’avoir un son ou un style identifiable. Quel intérêt de sonner comme Phoenix ou bien comme Interpol, souvent tu fais au mieux pareil, au pire moins bien.
9. A la lecture de vos goûts et influences, on sent, à mon sens, un certain penchant pour les 90’s françaises et internationales, ce en quoi je vous approuve complètement. La richesse de cette époque, en termes de groupes et de styles émergeant, a-t-elle influé sur Frigo ?
YAN : Pour ma part énormément, je viens vraiment de cette période là, que j’ai tjrs trouvé excitante, les groupes se prenaient moins la tête, c’était plus incisif dans les compos, 3 accords = 1 titre et basta !
Dans mes moments de blues je rematte des vidéos tel que the year punk broke , ou the fall , mudhoney , Tad , les Thugs qu’on a revu avec Max lors de leur mortel » no reform tour » je les ai trouvé encore meilleur qu’à l’époque , c’ était bien loin des revivals pourris qu’on nous ressert actuellement…
MAXB: Oui, j’adore un tas de groupe des 90’s aussi, des labels Vicious Circle (Drive Blind), Touch&Go (Girls Against Boys), Southern (Kepone, Make Up, Unwound), des plus « gros aussi » (Smashing Pumpkins, Pearl Jam 😉 ….bref, tout un tas de bands! Cela a forcément influencé notre musique.
10. Que prévoyez vous à l’avenir, s’agissant du groupe, à court et moyen terme ?
BREN : L’album est sorti en début d’année ainsi qu’un clip (sur le titre « Scénario Catastrophe).On s’est occupé nous même de toute la promo la distro, le tour (a l’ancienne quoi) On a défendu les titres de WISF (World is science fiction) sur scène dans le grand ouest ainsi que sur Panam (20aine de dates). Les concerts étaient super énergiques et le groupe très excité de remonter sur les planches.
Après cet été on sortira un nouveau clip « All Nerds We Are » qui devrait être diffusé sur certaines chaines musicales, on va bosser sur des remixes et faire point sur les ventes. Après on réfléchira a la suite : soit on remonte du tour soit on se met à composer pour un prochain album…..soit on va prendre une cuite avec les mecs de Gorillaz (qui sont des potes)….
MAX B: Tout est dit, pas mieux!
Photo: Roland Thenadey