Vous savez à quel point ces articles flatteurs m’incitent à la méfiance; vous saurez aussi, à la lecture de ces lignes, que celle-ci est dans ce cas justifiée, tant l’écoute de cet album éponyme, qui ne démérite pourtant pas, renvoie à d’autres références, dont le Deus de Tom Barman.
Les chansons sont bonnes mais « polies », trop peu dévergondées, et seul les élans manouche (Fortress Europe) d’Absynthe Minded le différencient des anversois. Certes, un feeling jazzy lance l’album de belle manière (If you don’t go, I don’t go), mais rien ici ne distingue Bert Ostyn et ses collègues, si ce n’est leur capacité à écrire et composer…de bonnes chansons bien trop influencées, et il manque à ce disque le côté écorché d’un Suds and Soda ou d’un Put the freaks up front, et de façon plus générale, l’expérimentation plus « hardie », moins directement timorée et abordable, du groupe nommé plus haut. Les mélodies de Heaven knows, entre autres, sont (trop) soignées, les morceaux bien construits, et le rock saccadé de Weekend in Bombay plaisant -c’est peut-être bien là le seul moment où l’on sent que la formation tente l’émancipation-, mais l’ensemble lasse vite, en dépit de l’énergie bienvenue de Mercury, et fait ressurgir de façon trop systématique l’esprit des géniteurs de Vantage point.
Absynthe Minded n’en est pourtant pas à son coup d’essai, loin s’en faut, et l’on peut dès lors s’étonner de son manque de personnalité, le regretter même car à l’écoute, il parait évident que les Belges ont le potentiel, et la « bouteille » nécessaires à l’évolution qu’on leur souhaite, qu’on attend d’eux. Et par conséquent à la construction d’un univers qui leur serait propre et qui, de ce fait, apporterait une contribution plus marquante à une scène belge déjà bien dotée.