Enregistré au bord de mer, dans une vieille maison, et de façon très rudimentaire, Day Walks exhale un climat pur et dépouillé (Old en ouverture, splendide), gentiment « secoué » en son second titre (Seventies) par un rythme un peu plus élevé, mais qui dominera, et imposera sa superbe, jusqu’aux derniers instants de ce digipack de toute beauté, qui fleure bon l’apaisement et la sérénité. Un piano fringuant orne les compositions des ressortissants de Paris, Quimper, Nice et Alès, dont l’impressionnant enchainement allant de Cold waters, sobre et clair, au chant plaintif et émotionnel et fort d’une petite envolée rythmique en sa fin, à The greatest of ease, court et aérien, en passant par Mystery et ses plages acoustiques chatoyantes, ou encore Tale et sa retenue majestueuse, plaide définitivement en faveur du quintet et fait de ce disque une seconde sortie aussi aboutie, si ce n’est plus, que la première.
Carp nous régale ensuite de ses deux titres les plus vifs; Bees et ses voix entremêlées, doté de percussions bienvenues et d’embardées sonores intenses, et When I try, modéré d’un point de vue instrumental, dans un premier temps, mais dont la voix vindicative et la fin embrasée (on pense aux morceaux acoustiques les plus endiablés de New Model Army) lui donnent une force, et une rage, hautement appréciées.
Après cela, Chains met fin à Day Walks, avant un « hidden track » joué au piano, dans la magnificence, dans l’esprit des morceaux inauguraux, dans une ambiance de recueil, d’introspection, sans le moindre élément superflu. Carp dit l’essentiel et s’y tient, loin d’un discours excessif et par trop exubérant, et sa sobriété, son savoir-faire et son brio dans l’exécution des morceaux le placent au tout premier rang des artistes hexagonaux, à l’instar de ses collègues de label dont je ne saurai que trop vous conseiller la découverte.