Dès l’enfiévré Red carpet, une trame bouillonnante, à la fois insoumise et distinguée, sur un rythme franc, tempéré par des plages moins exaltées, met en avant l’identité du groupe, que vient confirmer Don’t you want to devour this war? et son début très fin. L’instrumentation, enrichie d’un violon, d’une viole ou encore d’un oud, amène un côté dépaysant qui part dans des embardées colériques, appuyées par un chant lui aussi singulier, et The Somnanbulist se montre probant même sur les formats, nombreux, qui dépassent les cinq minutes.
L’ambiance orientalisante de Luce illustre ce cachet et cette capacité à plaire, et les Allemands/Italiens allient clarté sonore, et élans nettement plus obscurs, avec la maitrise des meilleurs. Puis sur Moda borderline, des griffures noisy, associées à un rythme saccadé et une obsédante boucle, font de ce morceau la pierre angulaire du disque décrit ici. Cinglant, inventif et truffé de sonorités ingénieuses, il résume parfaitement l’état d’esprit, la force de frappe de ce Somnanbulist…plutôt éveillé, et le contenu général de l’opus.
Le côté dépaysant refait surface sur 80’s violence, chaleureux, belliqueux, fracassant sur sa fin, avant qu’un Quinto mistero della gioia à l’amorce jazzy tourmentée n’homologue l’excellence de ce « debut album » flamboyant. Classieux et sulfureux, il laisse ensuite la place à God is not a good shot, percutant, aux accalmies grinçantes, fort de coups de boutoirs sonores magiques et incluant une gamme d’instruments conséquente, dont l’addition engendre des plages décisives, aussi peu conventionnelles que le rendu d’ensemble de Moda Borderline. Puis c’est Alice never, sensible, dans une retenue qu’on sent sur le point de rompre, qui met fin à un premier long-jet plus que réussi, dont le contenu met le trio à l’honneur en et met la personnalité en valeur.
Un album de haute volée donc, à l’instar des sorties signés Acid Cobra Records, dont un Chaos Physique…qui vous laisse dans les cordes, assorti d’une découverte à faire sans tergiverser.